Les jeunes, qui constituent une importante composante de la société, sont la catégorie la plus affectée par ce phénomène, à bien des égards, et la plus exposée aux impacts qui en découlent.
Dans ce contexte, nombre d'associations de la société civile jouent un rôle fondamental pour la protection de cette frange sociale, en mettant principalement l'accent sur l'accompagnement et l'éducation.
Parmi ces associations actives dans ce domaine, il y a lieu de citer l'Association marocaine de l'orphelin (AMO) qui compte plusieurs jeunes parmi ses membres, des orphelins pour la plupart qui ont porté le flambeau de défense des intérêts des enfants dont les abandonnés.
Dans cette perspective, le président de l'association, Yassine Rafii, a souligné que le débat sur les enfants abandonnés, dont la plupart sont nés en dehors de la relation conjugale, renvoie nécessairement à la question des mères célibataires, notant que cette catégorie sociale patauge entre concepts du proscrit et du permis, et des lois ne reconnaissant que l'institution familiale fondée sur le mariage légal.
Il a poursuivi, dans un entretien à la MAP, que les centres de protection des enfants n'accomplissent leurs services dans ce domaine qu'à hauteur de 2 pc, relevant que ces structures, supervisées par des établissements de la société civile, qui reçoivent un très faible soutien, ne peuvent s'acquitter au mieux de leurs missions.
Il n'a pas manqué de s'interroger sur le sort des autres enfants qui n'ont pas la chance d'être pris en charge par ces centres, outre celui du peu d'enfants accueillis par des familles alternatives.
M. Rafii a fait savoir que le déficit budgétaire enregistré dans les centres d'accueil est à l'origine de l'échec et la déperdition scolaire, précisant que seuls 37 pc de cette catégorie ont réussi leurs examens, au titre de l'année 2019, alors que 40 pc ont échoué et 22 pc ont quitté les bancs de l'école.
Le président de l'association a rappelé que 65 pc des pensionnaires des maisons d'enfants sont des jeunes âgés de plus de 18 ans, 55 pc d'entre eux sont sans emploi et ne suivent aucun programme scolaire ou de formation, relevant que la plupart de ces établissements sont situés dans des quartiers populaires à proximité d'agglomérations résidentielles à forte croissance démographique où cette catégorie se trouve exposée à toute sorte de criminalité.
Il a fait savoir que le taux de criminalité des pensionnaires des centres d'accueil varie entre 40 et 50 pc des crimes commis, répartis essentiellement entre trafic de drogues et psychotropes, vol avec violence, braquage armé et viol, ajoutant que ce taux ne dépassait guère 5 pc en 2010 et 0,5 pc en 2000.
Afin de venir à bout du phénomène d'abandon des enfants, il propose d'accorder un soutien important aux mères biologiques pour les encourager à garder leurs enfants, et de mieux organiser la procédure de décharge des enfants pour qu'elle ne soit pas anarchique et porte atteinte à leur santé, sécurité et dignité.
Il a aussi affirmé que l'association insiste sur l'amendement de la loi sur la kafala dans la perspective de remédier aux lacunes qui l'entourent.
Soucieuse de la défense des droits de l'enfant, l'association, a-t-il rappelé, a organisé en février dernier à Casablanca, le 4e Forum National de l'Orphelin sur le thème "Pour un Maroc sans enfants abandonnés à l'horizon de 2030: Quelles stratégies à adopter?", avec la participation d'acteurs politiques, économiques et sociaux, pour étudier les problèmes majeurs des orphelins et enfants abandonnés au Maroc, l'objectif étant de formuler des recommandations qui contribueront à l’évolution positive de cette problématique sociétale.
En clôture du forum, les intervenants étaient unanimes à souligner la nécessité de mettre en oeuvre les dispositions de la constitution et les engagements du Maroc quant aux conventions internationales en la matière, vu que l'Etat est appelé à assurer la protection juridique et sociale à l'ensemble des enfants, de manière équitable, selon le président de l'association.
L'accent a été mis, à la fin des travaux du forum, sur la nécessité d'accorder une importance particulière à deux volets principaux, à savoir la prévention et la protection, pour mettre un terme au phénomène de l'abandon des enfants et en limiter les impacts, à travers la sensibilisation à l'éducation à la santé reproductive et sexuelle, l'organisation d'une série de programmes et d'activités scolaires et universitaires bénéfiques, avec l'implication des médias, et le développement des actions des établissements de protection sociale.
L'AMO, créée en 2017 par des jeunes, des orphelins pour la plupart, s'assigne pour objectifs d'aider et porter assistance aux orphelins et aux enfants abandonnés.