Le jeûne du Ramadan est un des piliers de la foi musulmane. Outre son caractère rituel bien spécial (abstinence et prières surérogatoires), ce mois se distingue surtout par un changement comportemental bien prononcé. Plus que durant toute autre période de l'année, le musulman veille à faire preuve d'altérité, à se montrer plus charitable envers les nécessiteux et à se porter à l'aide d'autrui sans hésitation.
L’atmosphère du Ramadan est propice à l’accomplissement des bonnes œuvres et la multiplication des gestes de générosité et de partage, afin que tout un chacun puisse tirer le meilleur de ce mois béni.
Au Maroc, pas question de fêter le Ramadan tout seul! Particulièrement au moment du ftour, heure de rupture du jeûne. Les Marocains, connus par leur hospitalité authentique et légendaire, n’hésitent pas à recevoir des musulmans venus de contrées lointaines, pour partager avec eux un bon repas autour d’une table bien garnie, quand bien même la chaleureuse ambiance ramadanesque et la convivialité sont plombées par la pandémie du nouveau coronavirus, pour la deuxième année consécutive.
Ici, aucun musulman étranger n’est laissé pour compte. "Dès mon arrivée au Maroc, tout le monde m’a accueilli les bras ouverts, mais ce n’était rien à côté du mois de Ramadan", raconte Omar, un étudiant sénégalais.
"Au premier jour du Ramadan, tous mes camarades de classe, voisins et amis se sont précipités pour m’inviter à l'Iftar. J’avais certes souvent entendu parler de l’hospitalité marocaine en tant qu’état d’esprit et tradition ancrés dans les mœurs, mais là, j’étais heureux de susciter autant de générosité et de tolérance de la part d’un peuple entier", raconte-il.
"Cela fait 4 ans que je suis au Maroc et, cette année, j’y célèbre mon cinquième Ramadan, dans un pays que je considère mien", confie Omar.
Ces deux dernières années ont été particulièrement difficiles pour le monde entier à cause de la propagation de la pandémie, poursuit le jeune étudiant, ajoutant que malgré la conjoncture exceptionnelle, les âmes charitables n'hésitent pas à préparer des plateaux repas et des plats succulents aux étudiants musulmans étrangers, afin de leur faire oublier la dureté de l’exil.
Pour sa part, Hania, jeune femme originaire du Soudan se remémore avec nostalgie ses premières années au Maroc et les nombreuses invitations chez ses voisins et amis. "Ce fut une période inoubliable de ma vie, pendant laquelle j’ai pu découvrir un pays merveilleusement généreux et solidaire (...) Les Marocains sont très ouverts d’esprit et n’hésitent pas à tendre la main et à ouvrir leur porte aux personnes seules ou vulnérables".
"Ma voisine de palier était un vrai cordon-bleu, tous les vendredi elle m’invitait à manger un excellent couscous aux sept légumes avec ses enfants", se souvient Hania, relevant que le Ramadan était pour elle, à l’instar de tous les Marocains, un mois exceptionnel et tant attendu.
Hania raconte ses soirées ramadanesques où tous les jours, quelques heures avant la prière de maghrib, elle se rendait chez sa voisine qui lui apprenait des recettes typiquement marocaines.
"Ma chère voisine m’a appris à préparer la fameuse chebakia (gâteau marocain au miel), l’incontournable sefouf (gâteau en poudre d’amande), les inéluctables briouats (bricks), mais surtout l’excise Harira (soupe traditionnelle marocaine)", se rappelle-t-elle.
"Aujourd’hui mariée et de retour au pays, je demeurerai éternellement reconnaissante à cette chère amie et deuxième maman, qui m’a prise sous son aile au moment où je pensais être seule dans un pays méconnu", raconte-t-elle avec émotion.
"L’Hajja m’a appris l’hospitalité, la cuisine et la solidarité marocaines", confie la jeune soudanaise, indiquant qu’elle s'apprête à suivre les pas de son amie et ancienne voisine en aidant à son tour des personnes seules et loin de leurs familles pendant ce mois sacré.
Omar et Hania sont loin d’être des cas isolés. En effet, chaque année, des milliers de musulmans étrangers trouvent accueil, amitié, hospitalité et réconfort autour des tables marocaines.
Ahmed, Samira et leurs trois enfants trouvent un réel bonheur à accueillir à chaque fête religieuse des musulmans seuls et loin de leurs familles, qui se trouvent au Maroc pour étude ou travail.
"Nous refusons qu’un musulman de notre entourage puisse passer le Ramadan ou les fêtes religieuses seul", ont-ils souligné, exprimant le plaisir sincère qu'ils ressentent, en recevant des convives à leur table et en partageant leurs repas.
La religion appelle à l’entraide et au partage, de même qu'elle "nous incite à tendre la main et à faire preuve de générosité auprès des démunis et des nécessiteux", explique le père de famille.
La table du ftour est tellement plus chaleureuse lorsqu’elle est entourée d’amis qui discutent des traditions, cultures et coutumes de leurs pays respectifs, s’est-il-réjoui, relevant qu’il est important d’inculquer ces nobles valeurs aux enfants depuis leur plus jeune âge.
"Nous espérons que la pandémie de Covid-19 soit bientôt suffisamment maîtrisée pour que nous puissions de nouveau rouvrir notre porte à nos chers amis étrangers", a-t-il conclu.