Intervenant dans le cadre de l'émission hebdomadaire "les Mardis du PCNS" qui a consacré l'épisode de cette semaine à la thématique de "l'expansion des organisations terroristes en Afrique et leurs répercussions sur la sécurité continentale", M. Bassou a indiqué que l'Afrique est appelée à unifier les visions pour circonscrire la croissance des actes terroristes dans d'autres régions du continent, notant qu'"en l'absence de cette vision, il n'y aura point de solidarité pour faire face à la menace terroriste".
Les organisations terroristes sont actives dans de nombreuses régions d'Afrique, en particulier au Sahel, au lac Tchad, dans la corne de l'Afrique, en Somalie, au Kenya et au Mozambique, ainsi qu'en Afrique du Sud parfois, a-t-il ajouté, relevant que certains pays ne prêtent pas suffisamment d'attention à ce danger sous prétexte qu'ils n'en sont pas concernés.
Le chercheur a expliqué, à cet égard, qu'en ce qui concerne les menaces terroristes au Sahel et au lac Tchad, "l'extrémisme violent est toujours lié à ce qui se passe dans ces deux régions limitrophes, à tel point qu'un Etat comme le Niger en est victime".
Il a ajouté que ces organisations terroristes ont pris de nombreuses formes depuis leur apparition, que ce soit en fonction de l'évolution des événements, ou en fonction de la capacité des États ou non à les affronter, considérant, à cet effet, que "la stratégie de ces organisations repose sur deux tactiques".
Les activités de ces entités "prennent soit la forme d'actes de vengeance (attentats-suicides, prises d'otages...) dont le but est d'épuiser les gouvernements, les forces armées et les services de sécurité, a expliqué M. Bassou, faisant notamment allusion aux "événements provoqués par des organisations terroristes menées par des "émirs" algériens dans le Sahel au début de ce siècle.
Les actions de ces groupes prennent la forme d'opérations stratégiques plus précises et tactiques, dans lesquelles se réunissent les aspects militaire, sociétal, économique, politique et idéologique dans le but d'étendre le contrôle et l'autonomisation, à travers l'occupation de territoires et l’administration des populations, a-t-il expliqué, notant que ces organisations ont parfois tendance à attaquer les structures étatiques et à mener des opérations aléatoires en exploitant les conflits ethniques.
Il a, par ailleurs, estimé que "ce qui encourage les organisations terroristes dans la région du Sahel et de la côte est de l'Afrique est bien la vulnérabilité des structures des institutions étatiques, les contradictions idéologiques et ethniques dans les deux régions ainsi que la présence étrangère et l'absence de la justice sociale dans ces zones".
Dans sa comparaison des deux groupes terroristes actifs dans la région du Sahel et au Mozambique, M. Bassou a souligné qu'il s'agit de "deux mouvements du même genre qui se basent sur une même référence, qu'il s'agisse du Sahel ou du lac Tchad et de la côte est de l'Afrique, étant donné que tous les deux aspirent à déstabiliser et à saper la stabilité des Etats existants dans l'objectif d'établir un califat, comme ils le prétendent".
A ses yeux, la solution militaire ne peut mettre fin au problème de l'extrémisme violent dans ces régions car le ralliement des groupes terroristes est lié à d'autres raisons, telles que la marginalisation, la pauvreté et l'absence de justice, ainsi que le non-respect par certains pays de leurs engagements.
Lancé en 2014 à Rabat, le Policy Center for the New South vise à contribuer au développement des politiques publiques économiques, sociales et internationales auxquelles font face le Maroc et le reste des pays africains en tant que partie intégrante du Sud global.