Ce superbe édifice religieux a en effet été construit en 1296 (696 de l’hégire) par le Sultan mérinide Abou Yaâcoub Youssef dans la médina d’Oujda qui abrite un riche patrimoine architectural, avec de nombreux sites à fortes charges culturelles et artistiques.
Cette ancienne mosquée, située au nord de la kasbah mérinide, a été jalousement gardée au fil des siècles dans le cadre de la préservation de la mémoire et de tous les symboles du peuple marocain, puisqu’elle a été plusieurs fois rénovée afin d'être conservée au mieux.
Vieille de plus de sept siècles, cette mosquée, témoin précieux de la mémoire de la capitale de l’Oriental, a connu des travaux de réhabilitation de sa partie ouest en 1880, puis des travaux d’extension et d’addition d’autres dépendances en 1934.
En outre, la Grande mosquée qui a joué des rôles historiques, religieux et scientifiques, a fait l’objet ces dernières années de travaux de restauration et de mise à niveau dans le cadre du programme la réhabilitation et de revalorisation des monuments historiques de la médina d’Oujda.
Ce monument religieux se distingue par la beauté de sa structure, ses formes architecturales, la décoration de ses plafonds, ses colonnes et ses arcs, ainsi que les inscriptions et l’écriture arabo-islamiques qui reflètent les styles architecturaux utilisés à l'époque des Mérinides. De même que les trois fontaines qui s'adossent contre l'un des murs extérieurs de la Grande mosquée sont également marquées par une architecture attirante.
Les caractéristiques esthétiques proéminentes de cette mosquée mérinide, d’une simplicité inouïe, résident dans sa porte principale et son mihrab qui atteint une profondeur de 1,75 mètre, puis dans son magnifique minaret érigé dans la partie sud-ouest de la salle et le côté nord de la muraille de la Kasbah.
Selon des études et recherches autour de ce joyau historique et spirituel, la construction du minaret, de 24 mètres de haut, date de 1317 (717 de l’hégire), soit environ 20 ans après les travaux d’édification de la mosquée.
A cet effet, le chercheur et académicien Badr Maqri a affirmé, dans une déclaration à la chaîne d’information en continue de la Map (M24), que le Sultan mérinide Abou Yaâcoub Youssef a construit en 1296 (696 de l’hégire) à Oujda quatre monuments qui sont, outre la Grande mosquée, la médersa, les bains maures (hammam el bali) et la kasbah, faisant savoir que des recherches archéologiques menées à la fin du 19è siècle ont montré que les travaux de construction de la Grande mosquée (Al Jamaa Al Kabir ou Al Jamaa Al Aadham) a débuté avec les Almoravides puis avec les Almohades avant de connaître leur essor sous les Mérinides.
Mettant l’accent sur l'architecture maroco-andalouse à travers la ressemblance frappante entre le minaret de ce haut lieu de culte et celui de la Giralda de Séville, il a souligné l’impératif d’exploiter les spécificités de la Grande mosquée dans le tourisme culturel.
M. Maqri a aussi ajouté que la Grande mosquée qui était un haut lieu de culte, de rayonnement scientifique et d’enseignement supérieur de la religion et de la charia, a accueilli des étudiants non seulement du Maroc mais aussi d’Algérie (Tlemcen, Mostaganem, …) pour poursuivre leurs études auprès d’éminents savants, tels que les érudits Lhaj Larbi Sinaceur et Lhaj Ahmed Belmokhtar Mazouzi.
Autre chose importante : l’illustre érudit Cheikh Maa Al Aïnine, décédé en 1910, avait l’habitude de faire don de ses livres à la bibliothèque de la Grande mosquée, ce qui témoigne de la profondeur des liens spirituels, culturels et scientifiques entre la ville d’Oujda et la ville de Smara, la capitale spirituelle du Sahara marocain, a-t-il poursuivi.
La Grande mosquée a joué également un rôle dans la lutte contre le colonisateur français, aussi bien au Maroc qu’en Algérie, surtout que tous les mouvements et révolutions populaires contre les desseins et projets colonialistes prenaient départ de cette mosquée, a-t-il fait remarquer, rappelant dans ce sens que la ville d’Oujda, symbole de la résistance maghrébine, était une base-arrière de la révolution pour la libération de l’Algérie.
M. Maqri a rappelé à cet effet que la Grande mosquée a accueilli et hébergé un représentant de l'Association des oulémas musulmans algériens, en l’occurrence Cheikh Mohamed Saïd Zemmouch, né en 1904 et décédé en 1960 à Oujda.
Par ailleurs, une tradition louable connue sous le nom de "Soltane talba" avait marqué la Grande mosquée, a rappelé cet académicien-chercheur, auteur de plusieurs ouvrages traitant en particulier des différentes facettes de l’histoire de la cité millénaire d’Oujda à l’identité pluriculturelle.
Selon cette tradition, a-t-il expliqué, le meilleur étudiant de la Grande mosquée est fêté pendant trois jours à l’oasis Sidi Yahya (Oujda) et les sommes d’argent offert à ce brillant étudiant à cette occasion sont affectées pour l’achat de livres et ouvrages, ce qui avait donné naissance à la bibliothèque annexée à la Grande mosquée, mais le fil de cette tradition a été interrompu par le colonisateur français en 1947.
De l’avis de M. Maqri, cette mosquée mérinide mérite bel et bien de figurer parmi les monuments classés par le ministère de la Culture, et pourquoi pas sur la liste du patrimoine monial de l’UNESCO, eu égard à ses multiples rôles et spécificités.
Dans son ouvrage intitulé, "La Grande mosquée d’Oujda : L’image dans ses vergers mérinides", M. Maqri écrit que "Jamaâ-Lakbir", est à l’image d’une fertile diversité, qui inclut l’homme, la paysage, le temps et l’espace.