Approché par la MAP, M. Khalid Boukaich, professeur de Droit à la Faculté des Sciences juridiques, économiques et sociales (FSJES) de Tanger et ancien inspecteur divisionnaire du travail, s’attarde sur les circonstances qui pourraient entourer cet événement.
D’un côté, les répercussions de la Covid-19 sur les travailleurs et de l’autre, l’approche des élections, quelles seraient les circonstances de la Fête du Travail cette année ?
Le 1er mai est traditionnellement le jour de multiples manifestations au Maroc et dans le monde pour célébrer la fête des travailleurs et porter les revendications qui sont les leurs. Cette année encore, le gouvernement a décidé d’interdire les célébrations sur le terrain pour éviter toute violation de l’état d’urgence sanitaire.
Habituellement dédiée à de larges mobilisations syndicales et sociales, d’autant qu’il s’agit d’un rendez-vous annuel qui représente pour les syndicalistes une occasion pour mettre en évidence la solidarité entre les membres de la classe ouvrière et exprimer ses revendications sociales, la Fête du Travail sera, certes, célébrée mais dans le respect total des mesures édictées par les autorités sanitaires.
Ainsi, les centrales syndicales ont décidé de se rabattre sur l’espace public virtuel pour faire passer leurs messages et exprimer leurs positions.
Elles vont profiter d'une année, pas comme les autres, pour défendre leurs revendications. En effet, 2021 est marquée par deux événements majeurs: le premier est historique, car pour la première fois le Maroc adopte une loi-cadre ayant trait à la généralisation de la protection sociale.
Le second concerne la coïncidence de cette journée internationale avec les préparatifs en cours pour l’organisation des élections des représentants des fonctionnaires dans les commissions administratives paritaires le 16 juin prochain, et celle des délégués des salariés du 10 au 20 juin.
A votre avis, quelles seraient les principales revendications à l'occasion de la Fête du Travail ?
Le 1er mai 2021 portera sur deux revendications urgentes dont la première concerne la protection des droits des salariés.
Ainsi, pour les organisations syndicales, il faut œuvrer inlassablement pour le respect des droits des salariés et des libertés syndicales ainsi que pour le renforcement des moyens de contrôle de l’inspection du travail, afin de dissuader certains employeurs de licencier leurs salariés, sous prétexte de la crise sanitaire.
Il s'agira également de consolider les mesures préventives et ce, en dotant les unités de production et les administrations publiques des moyens de protection pour garantir la sécurité et la santé des salariés et des fonctionnaires.
La deuxième revendication concerne la question de la non-implication des syndicats les plus représentatifs dans le dialogue social tripartite, pour tout ce qui est en relation avec les projets de loi à portée sociale.
La généralisation de la protection sociale, un grand espoir pour remédier à tous ces problèmes ?
La mise en œuvre effective du projet de généralisation de la protection sociale constitue une des principales revendications des organisations syndicales, surtout pour les salariés du secteur informel, les travailleurs indépendants, les personnes non-salariées exerçant une activité privée, les artisans et les agriculteurs.
Ce chantier sociétal d’envergure aura des incidences directes sur les conditions de vie des citoyens, la préservation de leur dignité et permettra d'accélérer l'intégration du secteur informel dans le tissu économique national, de façon à garantir la protection de la classe ouvrière et de ses droits. Il faut ne pas oublier que le secteur informel participe à hauteur de 30% à l’économie nationale, mais ceux qui y travaillent n’ont malheureusement pas accès à la protection sociale.
En somme, ce chantier royal est un grand pas en avant sur la voie de la consécration des principes de la justice sociale, de l'égalité des droits et de la solidarité collective, le but ultime étant d'atteindre la couverture médicale universelle.