Mais qu'en est-il des médicaments ?
Au Maroc la loi 17-04 réglemente rigoureusement la vente des médicaments, et s’affiche comme un véritable rempart contre toute dérive qui pourrait porter atteinte à la sécurité sanitaire des Marocains.
La commercialisation des médicaments via internet au Maroc est strictement interdit en vertu de la loi, a affirmé le président du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), Dr. Hamza Guedira.
Le médicament est une matière qui peut être dangereuse et s'il est mal utilisé, il peut être à l'origine des faits extrêmement néfastes, a-t-il déclaré dans une interview à la MAP, relevant que le Maroc maîtrise le circuit qui est prévu par la loi (fabricants-grossistes-pharmaciens d'officine), et tout ce qui sort de ce circuit, est considéré comme impropre à la consommation.
M. Guedira a pointé du doigt les circuits illégaux et sans traçabilité qui favorisent la circulation des médicaments contrefaits ce qui est dangereux pour la santé des citoyens, notamment les compléments alimentaires et les produits dermocosmétiques.
"10% des médicaments circulant dans le monde proviennent de la contrefaçon", a-t-il ajouté, précisant que ce chiffre augmente jusqu’à 50% dans certains pays africains, d'où une intervention urgente des États pour lutter contre ce fléau.
Dans ce sens, le président du CNOP a fait savoir que le Maroc a anticipé ce fléau, par l'adoption des lois très rigides en la matière, précisant que "notre pays a signé, avec un certain nombre de pays de par le monde, la convention internationale Médicrime".
S'attardant sur l'origine du problème dans notre pays, le pharmacien a fait état d'une trilogie marquée par le manque d'assurance maladie pour la population, la précarité économique et l’analphabétisme.
Cette situation pousse un certain nombre de personnes à aller vers ce genre de circuit, a-t-il argué, rappelant que le Maroc est en train de construire un chantier social historique qui est initié et suivi par SM le Roi.
Dans le même sillage, M. Guedira plaide pour l'implication de tout le monde notamment à travers des textes de lois rigides, la sensibilisation de la population ainsi que les forces de l'ordre tout azimut (douanes, police, gendarmerie..).
Abordant l'avenir de la profession pharmaceutique suite à la nouvelle donne, l'expert marocain s'est félicité de la disponibilité des pharmacies dans tout le territoire marocain.
"12.000 pharmacies de proximité et proches de la population 7/7 et 24h/24, sont considérées comme des espaces de santé par excellence", a-t-il rappelé, notant que ce maillage très homogène stipule que la place idéale pour dispenser le médicament reste la pharmacie.
Dans ce sens, poursuit-il, la pharmacie est en train d’évoluer de par le monde vers des rôles très larges notamment participer à la vaccination. Et un effort en la matière est nécessaire pour accompagner cette évolution de la pharmacie et prévoir la pharmacie de demain.
Pour ces considérations, le CNOP est "catégoriquement contre la circulation des médicaments sur le net", a-t-il dit.
"Nous sommes amenés à combattre tout ce qui est en dehors du circuit prévu par la loi. Donc je dis que nous sommes aujourd’hui sur une bifurcation, et notre responsabilité est de garantir la sécurité sanitaire de nos concitoyens", a-t-il tranché.
Selon M. Guédira la santé des citoyens est la responsabilité des pouvoirs publics, mais c’est la responsabilité des opérateurs des systèmes de santé aussi, donc "il faut qu’on soit intransigeant" pour maîtriser toute tentative de dérive.
Que dit le ministère ?
Approché par la MAP, la Direction du Médicament et de la Pharmacie au ministère de la santé a fait savoir que le ministère public a été saisi du problème de la vente des médicaments sur internet, et une circulaire en la matière est en gestation.
La loi 17-04 dans son article 30 de la section III portant sur le code du médicament et de la pharmacie, énumère plusieurs produits qui sont réservés exclusivement aux pharmaciens d'officine notamment la préparation des médicaments et la détention des produits en vue de leur dispensation au public comme les objets de pansements, les laits ainsi que les aliments lactés diététiques pour nourrissons et les aliments de régime destinés aux enfants de premier âge.