Déclarations de chefs d’Etat et de responsables, promesses, jugements, des pétroliers accusés de "tromperie", des entreprises qui déclarent leurs stratégies climatiques et des nouvelles d’ici et d’ailleurs ont marqué le mois d’avril.
Apparemment, le mois passé est le plus foisonnant de l’année 2021 en termes d’action climatique. Il a été du goût de la presse internationale qui en a profité pour enrichir les rubriques "climat et environnement" et meubler des pages, dominées jusque-là par des informations en cascade sur le nouveau coronavirus.
L’événement du mois le plus marquant est le Sommet virtuel du président américain Joe Biden sur le changement climatique, considéré, par le secrétaire général de l’ONU comme un "tournant" dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Lors de ce sommet, qualifié par le "New York Times" de "grand test pour le pouvoir américain", le locataire de la Maison Blanche a rompu avec l’ère climatosceptique de son prédécesseur Donald Trump, en promettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) américaines de 50% à 52% d'ici 2030 par rapport à 2005.
Pour le journal britannique "The Guardian", Biden, à travers cette déclaration audacieuse de doubler l’objectif de réduction des Etats-Unis, a réussi le "test de crédibilité" de son pays et marqué le retour du deuxième pollueur du monde aux efforts climatiques.
L’annonce du président démocrate, qui a été saluée par la communauté internationale, a favorisé un climat de "soulagement général". Elle a été suivie d'une série de déclarations des grandes puissances invitées à ce sommet, qui n’a pas échappé aux aléas techniques des visioconférences.
Ainsi, le président chinois Xi Jinping a réaffirmé l'objectif d'une neutralité carbone de la Chine d'ici 2060, alors que son homologue russe Vladimir Poutine a assuré que son pays mettait en œuvre "avec responsabilité (...) ses obligations internationales".
Quant à l'UE, elle est parvenue à un accord sur une réduction nette d'au moins 55% de ses émissions de GES d'ici 2030 par rapport au niveau de 1990.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'est, quant à lui, engagé à les baisser de 40% à 45% d'ici 2030 par rapport à 2005, tandis que son homologue nippon Yoshihide Suga a annoncé que le Japon allait réduire ses émissions de CO2 à 46% à l'horizon 2030 par rapport à 2013, contre une cible précédente de 26%.
De son côté, le Premier ministre britannique Boris Johnson a relevé l’ambition climatique de Londres, en annonçant une réduction des émissions de GES de 78% d'ici 2035 par rapport aux niveaux de 1990.
Le président brésilien Jair Bolsonaro, lui, a annoncé qu’il visait la neutralité carbone d'ici 2050, dix années plus tôt que l'objectif prévu par son pays.
Il s’est aussi montré conciliant, en admettant la nécessité d'"améliorer la vie des 23 millions de Brésiliens qui vivent en Amazonie", en tenant compte des "intérêts des indigènes et des communautés traditionnelles".
De son côté, la Corée du Sud a affirmé qu'elle allait cesser de financer des centrales à charbon à l'étranger.
Outre les propos d’un Biden surprenant, d’un Bolsonaro conciliant, ou de la militante écologique suédoise Greta Thunberg accusatrice, le mois d’avril est aussi celui de stratégies climatiques vantées par les entreprises, ou considérées comme un risque pour leurs investissements comme c’est le cas d’ExxonMobil.
Le discours climatique a été aussi prôné par certains prétendants aux élections, comme Markus Söder, candidat des conservateurs à la succession d'Angela Merkel en Allemagne.
Ce Bavarois, qui préside le parti régional CSU, allié de la CDU, a énuméré ses prises de position en faveur du climat et de la protection des espèces.
Le mois d’avril a été aussi riche en lois et initiatives, comme la création d’un délit d’"écocide" en cas de pollution intentionnelle des eaux, de l’air et des sols, ou les menus végétariens dans les cantines scolaires adoptés par l’Assemblée nationale en France.
Les lecteurs les plus avertis se sont amusés à disséquer des études thématiques qui ont dû pleuvoir au cours du mois d'avril dernier, comme cette étude qui prouvait la résistance d’un café aux changements climatiques.
Pour ceux qui réclament leur part d’insolites, ils n’ont pas été lésés. Un Autrichien souffrant d’une sclérose en plaque a porté plainte contre son pays pour avoir échoué à le protéger contre le changement climatique.
Les prochains mois seront-ils aussi riches qu’avril? Rien n’est sûr et le chemin qui mène à Glasgow (du 1 au 12 novembre 2021) nécessite beaucoup d’engagement et de patience pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat.