De fait, bon nombre de locataires des quatre coins de la province canadienne font face à un manque flagrant de logements accessibles, couplé à des cas en hausse des tentatives d'expulsion de familles en difficulté.
Face à cette situation, des associations et certains acteurs politiques tirent la sonnette d’alarme : le désespoir des ménages locataires ne laisse pas indifférent tant la recherche d’un logement avec un loyer convenable devient de plus en plus difficile au Québec.
Pour exprimer leur mécontentement et réclamer des mesures, tels un contrôle des loyers et un registre des baux, environ un millier de locataires ont investi récemment les rues le temps d’une manifestation sous le signe «Les loyers s’imposent, un contrôle s’impose» organisé par le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).
Pressé par les partis d’opposition et la société civile pour trouver une solution et répondre sans délai aux besoins les plus criants en matière de logement, le gouvernement local se refuse toujours à prendre ce dossier à bras-le-corps.
Le Premier ministre François Legault estime «un peu fort» le fait de parler de crise de logement en invoquant un taux général d’inoccupation de 2,5 %.
«On n’est pas du tout dans une situation de crise du logement », a pour sa part déclaré la ministre chargée de l’Habitation, Andrée Laforest, devant une commission parlementaire.
Un avis que ne partage pas la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme qui juge que la crise du logement «n’est pas seulement une question de taux d’inoccupation, c’est aussi celle de la cherté des logements disponibles et de l’incapacité des gens à payer».
Même si la rareté est inquiétante dans la très grande majorité des agglomérations urbaines de plus de 10.000 personnes, on ne peut mesurer l'existence ou pas d'une crise du logement qu'à partir du taux général d'inoccupation des logements locatifs, selon le FRAPRU.
Des organismes communautaires ont manifesté samedi à Montréal pour souligner l’urgence d’investir dans le logement social, estimant qu’une plus grande socialisation du parc de logements locatifs est incontournable pour sortir de la crise.
«Pour augmenter la proportion de logements sociaux au Québec, la première étape serait d'investir les sommes nécessaires pour la réalisation d'un grand chantier de 50.000 logements sociaux en cinq ans, sous la forme de coopératives et d'organismes sans but lucratif d'habitation, ainsi que de logements à loyer modique», recommandent-ils.
De l’avis de Véronique Laflamme, «on ne peut pas se fier au marché privé pour assurer un droit aussi fondamental que le droit au logement». Les logements récemment construits par le secteur privé, a-t-elle relevé, sont "inabordables" pour la très grande majorité des locataires.
Entre-temps, Ottawa et Québec viennent d’annoncer que 1.500 logements abordables seront construits ou acquis et rénovés au Québec grâce à un regroupement d’investisseurs formé du gouvernement fédéral, du gouvernement du Québec et de plusieurs autres investisseurs.
«Ce partenariat constitue une réponse novatrice au besoin des organismes qui souhaitent répondre rapidement aux occasions du marché visant à pérenniser l’offre de logements abordables au Québec», précise un communiqué du gouvernement québécois.
De son côté, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) indique que les logements destinés aux ménages gagnant moins de 36.000 dollars par année sont toujours aussi rares, le taux de logements inoccupés se situant autour de 1,5%.
Dans son rapport sur les Perspectives du marché de l’habitation de 2021, la SCHL prévoit un redressement de la demande de logements locatifs à mesure que l’immigration et la migration interprovinciale reprendront, relevant que cette hausse de la demande sera également alimentée par le retour des étudiants étrangers et des cours en personne dans les universités des grandes villes. Cependant, les taux d’inoccupation demeureront probablement élevés par rapport aux niveaux d’avant la pandémie.