En revanche, l'Inde a fait appel au soutien technologique d'autres grosses pointures internationales du secteur dont le suédois Ericsson, le finlandais Nokia ou encore le sud-coréen Samsung.
En effet, le climat de méfiance continue de planer sur les relations entre les deux géants de l’Asie. Les liens bilatéraux se sont gravement détériorés après l’éclatement du confit frontalier dans les hauteurs himalayennes, riches en eau et en minerais, en juin 2020 faisant plusieurs morts dans les deux rangs.
Alors que les troupes se rassemblent à la frontière indo-chinoise, une guerre économique à grande échelle a éclaté. La demande de produits chinois est en chute libre. Xiaomi n'est plus le téléphone le plus vendu en Inde, Samsung l'a remplacé, alors que la vente des produits chinois par le truchement des accords de libre-échange de l'Asie du Sud-Est devient désormais difficile.
De même, le gouvernement indien avait interdit une centaine d’applications mobiles d’origine chinoise dont TikTok, AliExpress, WeChat ou encore Baidu qui selon New Delhi, elles se livrent à des activités "préjudiciables à la souveraineté et à l'intégrité du pays, à la défense, à la sécurité de l'Etat et à l'ordre public".
En réponse, le ministère chinois du Commerce avait noté que "les actions du gouvernement indien nuisaient non seulement aux droits et intérêts légitimes des investisseurs et des fournisseurs de services chinois, mais aussi aux intérêts des consommateurs indiens et à l'environnement d'investissement du pays en tant qu'économie ouverte".
Dans cette même lignée de confrontation technologique, vient la décision de l'Inde d’exclure toute coopération avec les Chinois en matière de déploiement de la 5è génération de réseaux mobiles.
Désormais, les essais portant sur l'utilisation et les applications de la technologie 5G, autorisés pour une période de six mois, ne seront menés que par les quatre poids lourds indiens des télécoms: Bharti Airtel et Reliance JioInfoComm, la filiale indienne de Vodafone (Vodafone Idea) et l'opérateur public MTNL, selon un communiqué du gouvernement indien.
Ces opérateurs s'appuieront sur plusieurs équipementiers et fournisseurs de technologie dont Ericsson, Nokia, le sud-coréen Samsung et C-DOT, le centre de recherche et développement du gouvernement indien.
Les essais visent à tester "les caractéristiques de propagation du spectre 5G" mais aussi évaluer des modèles des équipements et des fournisseurs choisis, tester la technologie locale et des applications comme la télémédecine, la télé-éducation, la réalité augmentée/virtuelle ou encore la surveillance agricole par drone.
Les chinois Huawei et ZTE, dont la participation au développement de la 5G est remise en question dans plusieurs pays pour des raisons de sécurité nationale, sont les plus grands absents dans la liste indienne.
En effet, plusieurs pays dont l'Australie, le Royaume-Uni ou encore la Suède, se sont montrés réticents face à la technologie chinoise et ont interdit Huawei de la quasi-totalité de la construction de leurs réseaux internet mobile à très haut débit.
Selon le cabinet spécialisé CCS Insights, la Chine représentera plus de la moitié de tous les utilisateurs 5G d'ici à 2022 et devrait également dominer jusqu'en 2025, date à laquelle elle pourrait représenter 40% des connexions 5G mondiales.
Le pays le plus peuplé de la planète est déjà le plus grand marché mondial des smartphones et possède également le plus grand marché 4G, avec 843,7 millions d'abonnés.
Sur la base d'une étude 5G, publiée par l'Académie chinoise des technologies de l'information et de la communication, les investissements agressifs de la Chine dans les infrastructures 5G seront bientôt la clé du statut du pays en tant que plus grand marché 5G au monde, à moins que l'Inde avec ses 1,3 milliard d'habitants ne défie comme elle l'a fait pour la 2G et la 4G.
Pour l’heure, l’Inde accuse un énorme retard par rapport à son voisin du nord en matière de la 5G. Le gouvernement indien se penche sur les problèmes liés aux prix élevés du spectre et à sa disponibilité / utilisation limitée.
Dans un contexte d'intérêts antagoniques, d'étirements politiques et de quête d'hégémonie, le climat de suspicion et de méfiance semble régner pour longtemps de part et d'autre.