"Comment, par on ne sait quel deus ex machina, inverser l’ordre des choses, en présentant l’agresseur comme victime et l’agressé en provocateur ?", s'est demandé cet ancien PDG de l’agence de presse tunisienne "TAP" dans un entretien à la MAP.
Il a estimé qu'en s'empressant d’apporter un soutien inconditionnel au gouvernement espagnol qui a failli à ses relations avec son voisin du sud, l’Union Européenne, qui ne dit un mot sur les errements de ce gouvernement et surtout la récurrence de ses actes hostiles envers le Maroc, a pris un parti pris fâcheux.
Selon lui, l'UE s’est départie de sa neutralité tout en assénant un coup sévère à ce qu’il est convenu d’appeler politique euro-méditerranéenne, qu’on a longtemps vantée ses objectifs fondateurs et ses visées égalitaires et équitables entre deux régions dont le développement est asymétrique.
Il a relevé que manifestement, dans la gestion de cette crise, la diplomatie espagnole a commis trois péchés capitaux, ajoutant qu'elle n’a pas tenu compte d’un postulat important, celui de l’inflexibilité du Maroc s’agissant de la défense de ses intérêts et notamment du caractère juste de sa souveraineté sur ses provinces sud.
"Après plus de 60 ans d’indépendance, le Maroc se refuse d’être traité avec dédain ou avec mépris au sujet de questions fondamentales qui ne supportent ni compromis, ni compromissions et encore moins des surenchères improductives", a fait observer ce spécialiste dans les relations euro-méditerranéennes.
Il a ajouté que dans le cas d’espèce, le gouvernement espagnol s’est fourvoyé dans des contradictions troublantes, foulant du pied toutes les règles élémentaires qui commandent au bon voisinage d’abord, et au caractère stratégique qui a toujours marqué les relations entre les deux pays.
"Dès lors, peut-on reprocher au Maroc d’être inflexible dans son acharnement et sa mobilisation à défendre ses intérêts ?, Quand un partenaire se sent trahi, abusé dans ses intérêts et surtout induit en erreur et traité de façon éhontée, peut-on en lui en vouloir de ne pas réagir avec fermeté, détermination et ne pas se laisser entraîner dans les pistes glissantes et les faux fuyant ?, s'interroge-il encore.
D'après cet ancien directeur de la rédaction du magazine tunisien "Réalités" et du journal "La Presse", ne pas transiger sur des questions de principe aurait dû constituer le socle sur lequel devrait s’adosser les relations entre les deux pays voisins, "malheureusement mises à mal par le laxisme et le jeu clair-obscur d’un gouvernement espagnol en manque de repères".
Pour être concret, tout indique que la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara est restée en travers de la gorge du gouvernement espagnol, qui faute d'arguments plausibles, s’est égaré dans des voies sans issue soutenant curieusement un discours laxiste et hostile, inexpliqué et inexplicable, a-t-il fait remarquer.
Il a ajouté que le deuxième péché a trait à la volonté du royaume d’établir des relations avec les pays partenaires sur la base de la sincérité, du respect mutuel, de la confiance réciproque et de l’interdépendance des intérêts.
L’Espagne dont les responsables ont senti tardivement qu’ils se sont empêtrés dans une brouille dont ils ne maîtrisent ni les tenants ni les aboutissants, a failli aux exigences qui sont consubstantielles aux relations amicales entre deux pays liés par l’histoire et la géographie, a-t-il détaillé.
Il a expliqué que ce qui a rendu l’attitude du gouvernement suspecte et inamicale envers le Maroc, c’est leur accueil du chef des milices du "polisario" sous une fausse identité pour le soigner depuis le 21 avril à Logroño dans le nord de l’Espagne sans tenir compte des prérequis qui président aux relations de bon voisinage qui exigent coordination, consultation ou tout le moins information.
Il s'est demandé sur les raisons de l'obstination des Espagnols à éluder ce problème, qui est la source de la crise, recourir à l’intimidation et aux manœuvres politiciennes, au moment où le contexte commande franchise et volonté sincère de résoudre le problème.
Quant au troisième péché, il a trait à l’amalgame et à la volonté de nuire au Maroc et à son image, a-t-il énuméré.
Dans ce sens, il a déploré l'attitude de certains pays et médias du vieux continent qui n’ont pas cherché à situer la crise dans son véritable contexte, ni essayé d’apporter un traitement qui privilégie la vérité.
En se vautrant dans des argumentaires approximatifs qui éludent les vraies questions, en se focalisant sur la crise migratoire, ils ont mal jugé la capacité du Maroc à se mobiliser et à exprimer d’une voix haute et ferme son refus d’accepter tout diktat et toute contrevérité, a-t-il estimé.
Il a souligné qu'"au moment où on continue de plaider pour des relations euro-méditerranéennes apaisées, équitables et mutuellement profitables, on cherche à ancrer dans les esprits que les pays du Sud devraient demeurer faibles et dépendant et qu'on pourrait leur faire subir tous les traitements déshonorants, on s'offusque de l'arrivée de migrants et on saisit l’occasion pour tirer à boulets rouge sur le Maroc, le rendant responsable de tous les maux du monde à tort".
Il a dans ce sens regretté le fait qu'"on justifie le caractère inégal des relations entre partenaires et on utilise toutes les armes pour jeter l'anathème sur le voisin du sud, coupable de n’avoir pas joué le gendarme servile de leurs frontières".