De l’aveu de la cheffe du FMI, Kristalina Georgieva, la pandémie "a chamboulé notre ordre social et économique à une vitesse éclair et dans des proportions jamais vues de mémoire d’homme".
Et dès les débuts de la crise, le FMI, aux côtés de l’autre institution de Bretton Woods, la Banque Mondiale, ont jeté toutes leurs forces dans la bataille.
Le FMI, dont l’action est centrée sur les questions macroéconomiques, s’est mobilisé pour fournir ses conseils, de l’assistance technique et des ressources financières à une grande partie de ses 189 Etats membres. L’institution dispose d’une capacité de prêt de 1 000 milliards de dollars.
"Nous répondons aux demandes de financement d’urgence que nous avons reçues jusqu’à présent de plus 90 pays membres, un record. Notre conseil d’administration vient de s’entendre pour doubler l’accès à nos mécanismes d’urgence, ce qui nous permettra de satisfaire à des demandes d’aide financière estimées à environ 100 milliards de dollars. Des programmes de prêt ont déjà été approuvés à une vitesse record", avait déclaré M. Georgieva en avril dernier.
Face à une crise économique mondiale sans précédent, aux conséquences sociales majeures, les demandes de lignes de crédit ne cessent de croître pour financer la reprise.
Pour les pays d’Afrique notamment, des dirigeants et des ONG se plaignent des conditions contraignantes liées à ces programmes et prêts alors que le service de la dette grève les finances des pays à faible revenu, en l’absence d’un moratoire de la part des créanciers bilatéraux.
"Nous ré-examinons notre panoplie d’outils afin de déterminer comment nous pouvons mieux employer les lignes de crédit de précaution pour rehausser le soutien à la liquidité, établir une ligne de liquidité à court terme et répondre aux besoins de financement des pays par d’autres moyens, y compris le recours aux droits de tirage spéciaux", a promis la DG du FMI.
Aux pays auxquels des prêts ne peuvent être accordés parce que "leur endettement n’est pas viable, nous recherchons des solutions pour débloquer des ressources indispensables", a-t-elle promis.
Le FMI s’active pour porter son fonds fiduciaire à 1,4 milliard de dollars, en vue d’étendre la durée de l’allégement de dette.
La pandémie a en effet bousculé profondément l’activité économique. Et la mission de l’institution de Bretton Woods a pris une plus grande dimension alors qu'elle s'adapte à un paysage en transformation.
L’établissement régulier d’un bilan de santé de l’économie de ses pays membres, procédure de consultations au titre de l’article IV, continuera de porter sur les taux de change et les questions budgétaires, monétaires et financières, qui sont au cœur des activités du FMI, indique une analyse du département de la stratégie, des politiques et de l’évaluation du Fonds.
"A l’avenir, nous prendrons systématiquement en compte les questions qui ont un impact macroéconomique majeur, telles que les changements climatiques et la technologie numérique, de manière à mieux nous acquitter de notre mandat de surveillance", relève-t-on.
Qualifiée de "tournant décisif", la pandémie de COVID-19 a mis en évidence des risques et des effets d’entraînement nouveaux, et fait peser de lourdes incertitudes sur la reprise.
"Le monde devient plus interdépendant, l’évolution en matière de numérisation et d’inégalités s’accélère et la lutte contre les changements climatiques est désormais une priorité essentielle", selon le FMI.
Aux défis qui se posent aux dirigeants pour sortir de la crise et financer une relance inclusive, l’enjeu pour l’institution financière internationale est de moderniser son dispositif de surveillance et faire évoluer ses conseils, tant en ce qui concerne leur teneur que la manière dont il gère ses relations avec ses pays membres.
Une nouvelle orientation dans ce sens a été récemment approuvée par le conseil d’administration du FMI. Elle définit quatre priorités: confronter les risques et les incertitudes; éviter et atténuer les effets d’entraînement dans une économie mondiale interdépendante; favoriser la viabilité économique sur le long terme en prenant en compte les particularités de chaque Etat.
Pour les auteurs de l’analyse, "les consultations (avec les Etats) menées au titre de l’article IV continueront d’avoir pour objectif l’établissement d’une évaluation complète et porteront sur les mesures budgétaires, monétaires, extérieures, financières et structurelles".
Mais, les conseils seront "plus précis et plus adaptés à chaque pays", notamment des questions nouvelles et urgentes, comme les moyens de limiter les séquelles économiques ou d’apporter un soutien ciblé aux entreprises.
Pour longtemps, les critiques envers ces institutions financières évoquent une connaissance limitée de la culture et de la réalité politique et sociale des pays en développement.
Reconnaissant l’impératif d’un "changement progressif" tellement les événements sont incertains et des chocs imprévus surviendront, le FMI clame que "le fait d’être prêt à s’adapter, à expérimenter et à modifier son fonctionnement est la pierre angulaire sur laquelle il s’appuie pour prodiguer à ses pays membres des conseils alliant efficacité et souplesse".
Certes le soutien des institutions financières est nécessaire pour la reprise post-pandémie, mais il ne peut être efficace qu’en complément de programmes de réformes et de croissance initiés localement. Le nouveau modèle de développement que le Maroc vient de lancer en est un parfait exemple.