Cette augmentation de l'investissement privé requiert, entre autres, la diversification des mécanismes et des systèmes de financement à travers notamment la multiplication des fonds de private equity (Capital Investissement).
Le président de l'Association Marocaine des Investisseurs en Capital (AMIC), Tarik Haddi, explique à la MAP, l'importance du Capital investissement et son rôle dans le financement du NMD.
Un instrument déterminant pour la création de la richesse et sa répartition de manière plus juste
Selon M. Haddi, le pacte national proposé va essentiellement reposer sur une création de richesse réinventée, l'équité, la protection, l’autonomie et l’innovation dans tous les domaines, affirmant, dans ce sens, qu'il est démontré, au Maroc et ailleurs, que le capital investissement est "le levier par excellence de ce type de transformations".
Le président de l'AMIC a, dans ce sens, relevé que ce mécanisme contribue à la création de la richesse à travers le renforcement des fonds propres des entreprises et leur accompagnement vers la compétitivité et la croissance, notamment par le renforcement de leurs capacités managériales, organisationnelles et technologiques, notant que l'innovation, l’entrepreneuriat et la prise de risque ne se déploient que lorsque le capital-risque se développe. "Désormais on parle plus de capital innovation que de capital risque", a-t-il soutenu.
M. Haddi a, en outre, souligné que les fonds d'investissement apportent une vision sectorielle lorsqu’ils accompagnent une entreprise, en privilégiant notamment l’intégration des chaines de valeur, la mobilité sectorielle (passage de l’entreprise d’un secteur déclinant vers un autre en forte croissance) ou la transformation numérique.
De même, la bonne gouvernance et l’éthique, qui sont des questions centrales du NMD, sont grandement améliorées au sein des entreprises lorsqu’elles sont accompagnées par le capital investissement, a fait valoir M. Haddi, ajoutant que la cohérence des plans stratégiques et opérationnels est également renforcée.
Sur un autre volet, le président de l'AMIC a indiqué que "les entreprises accompagnées par le capital investissement sont humainement plus justes, écologiquement plus durables et socialement plus responsables", faisant remarquer, dans ce cadre, que les fonds imposent lors de leurs investissements des standards élevés en matière de conditions de travail, de protection sociale, de droits syndicaux et de protection de l’environnement.
Il a également relevé que la RSE (responsabilité sociale et environnementale) est implantée dans les entreprises investies par les fonds, notamment pour y promouvoir l’égalité homme femme, l’inclusion des jeunes et le développement du capital humain à travers le renforcement des compétences et la formation professionnelle.
Capital Investissement, par essence, citoyen et inclusif
De l'avis du président de l'AMIC, ce mécanisme de financement permet l'émergence d’une nouvelle forme de capitalisme visant une contribution sociale positive, qui prend en compte l’intérêt de toutes les parties prenantes (stakeholders) et non pas seulement l’intérêt des actionnaires, des salariés, des clients et des fournisseurs.
Il fera des entreprises investies par lui "les leviers du NMD" sur les plans économique et social, notamment à travers les écosystèmes nationaux et régionaux auxquels participent ces entreprises, a-t-il indiqué, ajoutant que le but est de faire bénéficier toute la société de la richesse créée par les entreprises à travers ce qu’on appelle "la théorie du ruissellement".
A terme, a poursuivi M. Haddi, le capital investissement permettra la réforme du libéralisme marocain par le développement d’un nouveau type d’entreprise et participera à la création d’un environnement économique libéré de la rente, par l’entrée d’acteurs nouveaux, tourné vers l’avenir, l’innovation, la créativité et la recherche, ce dont tout le monde bénéficiera.
Un facteur de résilience économique
Le président de l'AMIC a aussi souligné que ce mode de financement était un facteur de résilience économique, faisant savoir que durant la crise du Covid, les entreprises accompagnées par cet instrument ont limité la baisse de leur activité à 20% contre 32% pour la moyenne nationale. "Dans un monde qui connaîtra de plus en plus de volatilité, d’incertitude, de complexité et d'ambiguïté, le capital investissement s’imposera comme l’instrument de financement à privilégier", a-t-il soutenu.
Dans les domaines identifiés par le NMD comme étant prioritaires pour mieux préparer l’avenir (santé et éducation), le capital investissement constituera le financement idéal pour accompagner l’émergence d’acteurs privés efficients, responsables et éthiques, a ajouté M. Haddi, mettant en exergue le rôle de ce mécanisme qui a permis la souveraineté sanitaire des nations les plus évoluées, grâce aux financements qu’il a octroyés aux startups de biotechnologie dans ces pays.
"Enfin le capital investissement va créer les success stories, ces belles histoires à raconter qui vont légitimer l’approche du NMD, donner envie à nos talents de s’impliquer et mobiliser toutes les énergies", a ajouté M. Haddi,
Par ailleurs, M. Haddi a indiqué que ce mode de financement "à lui tout seul ne pourra réaliser tous les objectifs que se fixe le NMD", mettant l'accent sur la nécessité du développement du capital humain mais également de la Recherche, notamment dans les technologies des filières de la nouvelle économie (blockchain, intelligence artificielle, big data, biotech…).
Et de conclure : "Nous avons maintenant rendez-vous avec l’histoire et avec les rêves et les ambitions de notre jeunesse. Pour ne pas le manquer, il faut investir massivement dans notre industrie du capital investissement, notamment à travers un cadre fiscal et réglementaire attractif pour les investisseurs et les équipes de gestion".