M. Zarrou a mis l’accent également sur le projet de sauvegarde et de valorisation de la Baie de Cocody à Abidjan, dont Marchica Med assure l’assistance à la maîtrise d’ouvrage, ainsi que sur les perspectives de coopération avec d’autres pays africains, notamment Madagascar et le Kenya.
1- Marchica Med est désormais une Success story au Maroc qui se déploie en Afrique. Quels sont les éléments constitutifs de cette belle expérience qui a pris forme sous le leadership de Sa Majesté le Roi ?
Avec la création de l’Agence Marchica Med et quatre ans après l’Agence Bouregreg nous avons acquis une expérience en la mobilité (construction du Tramway), l’environnement, la réhabilitation des sites historiques et des quartiers non-équipés, l’infrastructure (construction des ouvrages notamment le pont Hassan II, le tunnel des Oudayas, et toute l’infrastructure qui était construite à Marchica.
C’est cette expertise qui nous a ramené, grâce aux Hautes Instructions Royales, à Abidjan. Nous avons atterri dans la capitale ivoirienne. Nous étions quatre personnes qui ont montré à l’équipe qui nous a reçu que le Maroc est bien avancé grâce à SM le Roi en matière d’expertise sur tous ces volets d’infrastructures. Donc, en presque 40 jours, nous sommes revenus après la visite de mars 2014 et suite au discours du Souverain, que Dieu L’assiste, le 24 février 2014, qui a constitué la feuille de route de Marchica Med sur la base de laquelle nous avons travaillé à Abidjan.
Ce projet, qui a vu le jour en janvier 2016, est toujours en cours de réalisation. Nous n’avons pas seulement l’expertise en matière technique mais aussi l’expertise financière. L’État ivoirien a pu lever, avec l’assistance du Maroc, les fonds nécessaires pour la réalisation de ce projet, soit 450 millions de dollars, avec la garantie de l’État fournie par la Côte d’Ivoire.
Il y a l’ouvrage haubané qui est en cours de réalisation et le carrefour de l’Indénié. Il y a aussi l’ouverture du Grand Bassam du fleuve Comoé et les plateformes que nous avons pu réaliser sur place (notamment la Marina). Il existe une similitude entre ce site et Bouregreg. Nous avons pu gagner 50 hectares sur un marécage. Tout ceci devient une réalité. Ce qui est important c’est que déjà avec le gouvernement ivoirien, nous sommes en train de réfléchir au développement.
2- Quelle évaluation faites-vous de l’expérience et du modèle incarnés par Marchica Med ?
Ce sont les médias et les experts qui peuvent évaluer cette expérience. Nous avons été appelés en 2018 par les Nations Unies pour présenter le modèle Marchica. Nous sommes devenus déjà un modèle économique et social il y a trois ans quand nous avons présenté ce modèle à l’ONU à Nairobi où 170 pays étaient à l’écoute du travail que nous avons accompli. Notre slogan "transformer la nuisance en plaisance" a retenu l’attention. Nous avons pu attirer l’attention de ces pays en particulier quant aux avancées réalisées par le Maroc en matière de développement territorial et de dépollution.
3- Que pouvez-vous nous dire sur le projet de réhabilitation du Canal des Pangalanes à Madagascar ?
Suite à une visite Royale, nous avons pu réaliser une avancée importante à Madagascar, à savoir la signature d’une importante convention sous la présidence de SM le Roi et de l’ex-président malgache relative à l’aménagement et à la revalorisation du canal des Pangalanes, une artère économique importante.
Le but était de rétablir la navigabilité de cette zone de 700 km et surtout de travailler sur la zone autour de ce canal qui est sur l’océan indien (1200 km et qui compte cinq villes importantes). En quatre mois, nous avons réalisé des études sur comment ce canal peut servir la partie Est de Madagascar et comment il va aider au développement économique de cette zone. Ces études ont été présentées au nouveau Président malgache à Paris il y a deux ans. Après, il y a eu le Covid. Nous attendons l’après-pandémie pour revenir à Madagascar et voir comment ils comptent faire avancer ce grand projet.
4- A la faveur de son expertise, Marchica Med est sollicitée pour rééditer le même succès réalisé à Abidjan dans d’autres pays comme le Kenya. Quelles sont les perspectives de coopération avec ce pays ?
Suite à son intervention à l’ONU, Marchica Med a été sollicitée par plusieurs autres pays. Depuis presque deux ans, le Kenya nous a demandé d’aller visiter Lamu, Mombasa et la côte Est kényane. Nous ne sommes pas allés les voir tant que nous n'avons pas encore créé Marchica Med Africa. Nous avons eu la visite de la Directrice exécutive d’ONU-Habitat à qui nous avons expliqué le modèle de développement Bouregreg et celui de Marchica. Cette dernière a retenu l’attention de la responsable onusienne qui a souhaité signer une convention de partenariat entre Onu-Habitat et Marchica Med. Nous avons répondu favorablement à une invitation pour visiter le Kenya. Nous sommes allés rencontrer les responsables qui gèrent la partie environnementale et administration territoriale. Et vu que ONU-Habitat se trouve à Nairobi, le premier projet auquel ils ont pensé était la côte Est kényane. Cette rencontre a été très fructueuse, notamment grâce au rôle clé joué par l’ambassadeur du Maroc à Nairobi et représentant permanent du Royaume auprès d’Onu-Habitat et ONU-Environnement, M. El Mokhtar Ghambou. Nous sommes sortis avec des résolutions notamment pour créer un comité de réflexion qui démarrera par une visioconférence incessamment avec les équipes de l’ONU.
Il s’agit d’un comité de pilotage tripartite (ONU-Marchica Med-Kenya), qui devra commencer à travailler dans les prochains jours pour arriver à signer dans les six mois qui viennent un MoU établissant une feuille de route pour le travail qui sera réalisé sur les côtes kényanes.
Marchica Med est une société d’État et maître d’ouvrage à Nador. Nous sommes assistants à la maîtrise d’ouvrage dans des pays africains. On peut aussi devenir maîtres d’ouvrage mais pas pour le moment. Nous n’avons pas l’intention aujourd’hui de devenir maîtres d’ouvrage dans les projets qui sont au niveau des autres pays frères africains.
5-Quelle est l’importance de ce genre de partenariats dans le cadre de la Coopération sud-Sud ?
L’Afrique s’impose désormais comme l’Eldorado pour les investisseurs étrangers. L’intérêt pour l’Afrique ne s’est jamais affaibli même au milieu de la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19. Il importe, dans ce contexte, de souligner la clairvoyance de SM le Roi Mohammed VI et la Vision Royale pour le continent. C’est cette vision qui guide le travail de nos équipes. Cette clairvoyance et cette vision constituent une source de motivation qui devra conduire à de grands partenariats avec les pays du continent.
6- Vous avez parlé tout à l’heure de Marchica Med Africa. Pouvez-vous nous donner plus d’informations sur cette filiale ?
L’Assemblée générale constitutive de la filiale Marchica Med Africa a eu lieu le 27 mai 2021 à Nador. Elle sera logée à CFC à Casablanca. L’importance de ce choix est de rester dans le milieu économique qui travaille en Afrique et faciliter la possibilité d’être présent dans tous les pays. On pourra avoir des bureaux de représentation de Marchica Med Africa à Abidjan, un objectif sur lequel on est en train de travailler, ou bien à Madagascar, Nairobi ou Mombasa.
Sur le plan juridique, on est en train de la (la filiale) sortir officiellement. Elle sortira dans les jours qui viennent.
Les axes principaux d’intervention de cette filiale sont la mobilité, l’environnement, les infrastructures et les volets social et financier. Il s’agit des axes les plus importants pour monter les grands projets. La force de Marchica Med est dans les grands projets qui ressemblent à nos projets au Maroc.
Quant au choix des membres du Conseil d’administration, il est important.
Le conseil compte parmi ses membres le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, le ministère des Finances, l’Agence Marchica Med et l’Agence de l’Oriental. Bientôt, d’autres membres qui n’ont pas pu assister à la première réunion assisteront au prochain conseil.