A travers cet hymne joyeux à la jeunesse, aux accents de comédie musicale, Anas, le personnage principal, encadre une flopée de jeunes, filles et garçons, pour qui le rap est une passion vitale. Une jeunesse qu’on croyait domptée, trop longtemps négligée, sort crier au monde sa volonté de changement. Le rap est son arme. Leur nouveau professeur va ainsi les guider pour prendre leur destin en main et écrire le récit de leur vie.
"Haut et Fort" est le témoignage de plusieurs années d’observation et d’inspiration sur le terrain, avec une démarche proche du réel qu’affectionne particulièrement Nabil Ayouch, le réalisateur du film qui sortira à Casablanca, Marrakech, Fès, Rabat et Tanger, puis à Tétouan à partir du 10 novembre.
“Avant d’être un art, le hip hop est une culture. C’est aussi une manière d’exprimer des aspirations, des rêves, une colère", assure Ayouch dans un communiqué publié à l’occasion de la sortie nationale du long métrage.
Mettant en avant les similitudes entre son parcours de vie en tant que jeune issu de Sarcelles, une banlieue de Paris, et les jeunes du quartier de Sidi Moumen à Casablanca, qui ont largement inspiré son œuvre, Ayouch ne cache pas son émerveillement.
"Ces jeunes m’émeuvent terriblement. Leur extraordinaire énergie m’impressionne. Leur parole sonne juste, elle n’a pas de filtre ni de frontière, elle touche. Et, partout dans le monde où cette jeunesse parle, elle a raison", poursuit Ayouch, parlant avec émotion de ces jeunes du quartier de Sidi Moumen, où il a créé en 2009 la Fondation Ali Zaoua avec son ami l’artiste Mahi Binebine.
"Ces jeunes m’ont inspiré, par leur rage de dire qui ils sont à travers les mots et à travers le corps. Leur vécu est certes très chargé, très lourd à porter parfois, mais ils s’accrochent au hip hop comme à une planche de salut. Pour eux, s’exprimer est une question de survie. Et c’est beau à observer. C’est dans ce centre que le désir de faire ce film est né et c’est dans ce centre que ce film devait prendre place", témoigne le réalisateur.
"Que ce soit à Casablanca, Hong-Kong, Alger ou Bogota, leurs cris, leur volonté de changer le monde, frappent comme un uppercut ceux qui refusent d’entendre", assure Ayouch, qualifiant son œuvre de "renaissance".
Produit en 2021 par Ali'n Productions (Maroc), Les Films du Nouveau Monde (France), en coproduction avec Unité et Ad Vitam (France), "Haut et Fort" (102 minutes) a représenté cette année le Maroc à la compétition officielle de la 74ème édition du Festival de Cannes. Il a reçu le Prix du Cinéma Positif du Festival.
Nabil Ayouch a également reçu le prix Best Achievement in Cinema, consécration pour l’ensemble de sa carrière, qui lui a été décerné par l’organisation humanitaire Union-Life International.