Dans un éditorial intitulé ''Les racistes, la guerre en Ukraine et le migrant idéal'', publié dans l'édition de ce mercredi, il note que ''les commentaires sur la guerre opposant Kiev à Moscou sont discriminatoires par leur approche biaisée qui différencie les immigrés en provenance d'Ukraine de ceux originaires des autres pays, ne tenant pas compte du fait qu'ils fuient aussi la zone de guerre'', dénonçant cette ''approche basée sur le mode vestimentaire, l'appartenance géographique à l'Europe et la race, et érigée le plus normalement possible en une règle''.
''Car eux (les Ukrainiens) ressemblent aux Occidentaux et nous pas, étant des étrangers sur le plan linguistique et aussi dans les rires, la sensation de faim et les traits de visage ! Leurs familles sont à l'identique des Européens et nous pas. Eux, débarquent à bord de voitures et de bus comme celles et ceux des Européens alors que nous, on débarque comme une pluie qui s'abat soudainement, un torrent ou encore une tempête avec des vagues et des barques qui ne ressemblent pas à ceux qui voguent à travers les fleuves de Vienne ou Venise'', écrit-il.
Face à cela, et face à cette guerre dévastatrice en Ukraine, l'éditorialiste dit qu'''il ne ressent qu'un sentiment de colère mêlée à la dérision'' avant de poursuivre qu'''à chaque fois qu'un obus tombe à Kiev, les Européens se déchaînent contre les autres peuples, entre autres, les Arabes, les Amazighes, les Africains, les Asiatiques, les Kurdes et les Yézidis''.
Pour preuve, il relève que ''les missiles d'Iskander font sauter, non seulement les bâtiments destructibles mais aussi donnent lieu à l'exacerbation des comportements de destruction qui sont potentiellement favorables aujourd'hui à une construction politique en occident''.
Il fait remarquer, à ce propos, que les journalistes occidentaux s'évertuent dans une approche sans précédent à dissocier les migrants ukrainiens des autres nationalités, ce qui représente un dénigrement incommensurable et une catégorisation immorale basée sur le sexe, la race et la religion'', estimant que ''cette guerre a donné aux médias occidentaux l'occasion de faire une démarcation entre une immigration européenne intra-muros et une immigration extra-européenne, sans aucune considération des Syriens, des Irakiens et des Yéménites qui ont fui la guerre tout comme les Ukrainiens aujourd'hui''.
''Car, à chaque guerre, ses convenances comme c'est le cas pour les racistes pour qui les Ukrainiens sont des migrants civilisés, instruits et font partie de l'Europe et quand ils se déplacent en France ou encore aux Pays-Bas, ils ne quittent que temporairement le même espace civilisationnel puisqu'ils sont perpétuellement présents dans l'incommensurable temps civilisationnel occidental. Tandis que les migrants africains sont méprisés, ne pouvant pas s'affirmer en tant que victimes des coups d'Etat, de l'exploitation sans vergogne de leurs ressources par la civilisation occidentale et sa voracité qui a assombri leur avenir après avoir enterré le passé de leurs parents'', poursuit-il.
Pendant ce temps-là, ajoute-t-il, ''Nous, Africains, Irakiens, Syriens, Algériens et Tunisiens, débarquons chez eux, nus et vus comme des primitifs, et mourrons dans les océans des pays occidentaux qui n'éprouvent pas le moindre sentiment de honte et de remords pour les exactions qu'ils ont commises dans les pays de ces migrants''.
''Il s'agit en l'espèce d'une élite gangrenée qui cherche à trouver une issue à une grave erreur qui est la guerre et une fatalité insoutenable qui est l'immigration en commettant une erreur encore plus impardonnable qui est le racisme'', soutient-il, indiquant que ''l'Europe à travers ses supports médiatiques tendancieux, n'a qu'un désir : accueillir sur son sol des migrants de souche européenne, n'acceptant pas que des étrangers meurent sur son territoire pour que les funérailles se déroulent dans un cadre civilisé qui lui est propre alors que les autres, les étrangers, n'auront droit qu'à des obsèques au fond de la Méditerranée et de la mer rouge''.
Abdelhamid Jamhri estime, à ce propos, qu'''on assiste à une effroyable guerre prolongée, attisée par des racistes pour qui il ne s'agit pas seulement de guerre économique et financière totale contre la Russie mais surtout d'une occasion de déclarer la guerre à l'indésirable migrant étranger qui a raté l'occasion, tout en étant sous les tirs et en proie à la famine, d'affirmer qu'il mérite de vivre en Europe avec tout ce que cela exige sur les plans de l'élégance, la physionomie, la langue et la proximité''.
Et malgré tout, ironise-t-il, ''leur complexe dans leur subconscient réside dans le fait que tout en ouvrant les bras pour accueillir ceux qui leur ressemblent, ils n'ont pas le courage de sacrifier leur vie pour les défendre'', soulignant que ''c'est cela le complexe du raciste lâche qui ne peut s'affirmer que sous le couvert d'une démocratie dans les domaines des médias, de la politique et dans l'espace public''.
Et d'estimer que ''l'humanité européenne qui se soucie du sort de la terre et des peuples qui y vivent, ne devrait pas ignorer que cette quête du migrant idéal est une régression au temps de l'eugénisme qui sélectionnait les individus selon leur patrimoine génétique et éliminait ceux qui n'entraient pas dans un cadre de sélection prédéfini selon des normes civilisationnelles et ethniques. Du pain béni pour les racistes qui nous replonge dans le nazisme''.
Cela étant dit, Abelhamid Jmahri pense que ''cette élite européenne a cédé facilement aux sirènes du racisme d’État''.