"Je suis choqué que les organisateurs de l'événement, qui se prétendent des militants des droits de l'Homme, aient refusé d'entendre le point de vue d'un parlementaire", a souligné M. Haddad dans une lettre adressée notamment aux présidents des groupes l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates (S&D) et des Verts/Alliance libre européenne (Verts/ALE) au Parlement européen.
"La démocratie se construit autour des différences et du débat d'idées. Un point de vue dissident ou différent ne peut qu'enrichir le débat. Les organisateurs veulent-ils qu'un seul point de vue soit entendu au Parlement européen ?", se demande-t-il, ajoutant que l'essence du débat dans cette institution est la liberté d'opinion, la différence et la pluralité des voix.
M. Haddad a expliqué qu’il souhaitait être invité à intervenir lors de cet événement, sur le thème "Au-delà du hirak : Une nouvelle vision pour le Rif", en sa qualité de coprésident de la Commission parlementaire mixte Maroc/UE, et en tant qu'expert et écrivain sur les questions liées aux droits de l'Homme et au développement.
"Je pensais pouvoir apporter une perspective parlementaire et d'expert au débat et enrichir l'échange que vous envisagez d'avoir sur ce sujet important. Mais la Freedom and Human Rights Organisation a tout simplement et clairement rejeté ma demande", a-t-il déploré.
"Entendre mon modeste point de vue ne fera pas de mal. Au contraire, cela donnera à l'audience une multiplicité d'opinions sur les questions de droits de l'Homme et de développement auxquelles est confrontée la région du Rif dans le nord du Maroc", a insisté le coprésident de la Commission parlementaire mixte Maroc/UE.
Dans cette lettre adressée également aux eurodéputés Thijs Reuten (S&D) et Tineke Strik (Verts/ALE), M. Haddad a mis en avant sa "vision pour un nouveau Rif", qui "n'est ni apologétique ni extrémiste", tout en rappelant les conclusions du rapport détaillé du Conseil national des droits de l'Homme ("Rapport sur les protestations d'Al Hoceima mars 2020"), qui "est le plus objectif, le plus détaillé et le plus factuel".
S'il n'exonère pas l'État de ses responsabilités, le rapport tient les manifestants pour responsables du recours à la violence et aux discours de haine, en plus de la fabrication et la diffusion de fake news, a fait observer M. Haddad, ajoutant qu’"il est important que les recommandations du CNDH soient mises en œuvre pour s'assurer que ces événements ne se reproduisent pas".
Il a relevé que le gouvernement a répondu aux revendications de la population du Rif en mettant en place une vision de développement ambitieuse qui porte déjà ses fruits, notant que les investissements concernent divers secteurs, comme l'agroalimentaire, l'immobilier et le tourisme, en plus des infrastructures culturelles, dont un opéra, un institut de musique, un village sportif et d’autres structures sportives.
Le nombre de projets est immense: 563 à vocation sociale, 139 projets économiques, 87 projets d'adaptation et de résilience environnementale, 95 projets de routes, ponts et autres infrastructures, 62 projets de développement territorial et 6 projets d'espaces religieux, a précisé M. Haddad, rappelant d’autres projets comme un institut de la mémoire, une université et un hôpital moderne.
"Avec ces efforts qui se chiffrent en milliards d'euros, le Maroc a répondu positivement aux revendications légitimes de la population du Rif", a fait remarquer M. Haddad, ajoutant qu’il reste encore beaucoup à faire en matière de formation, d'approche du développement basée sur les droits et d'initiatives en faveur des femmes.
"Je n'ai pas été autorisé à m'exprimer mais j'espère que vous comprendrez mon point de vue tel qu'il est exprimé ici et que vous ouvrirez un débat avec les députés marocains sur la meilleure façon d'avancer, de manière positive et optimiste", a-t-il conclu.