Ce maintien du taux directeur à son niveau de 3%, après trois hausses successives d’un total de 150 points de base (pbs), tient compte, selon BAM, des délais de transmission des décisions du Conseil à l’économie réelle, ainsi que de l’ensemble des évolutions récentes sur les plans national et international, marquées notamment par une inflation qui s’est inscrite en décélération tout en restant à des niveaux élevés.
Pour l’instant, force est de constater que le 3ème Conseil de la Banque Centrale intervient dans un contexte caractérisé par une baisse de la masse monétaire et de la croissance de la circulation fiduciaire. Les récentes statistiques de BAM soulignent que l’agrégat de monnaie M3 a marqué, en glissement annuel, une décélération à 7,1% en juillet après 7,6% en juin, une évolution qui reflète principalement un ralentissement de la croissance de la circulation fiduciaire à 11,2% après 16,3%.
De même, l’inflation, en variation annuelle, a connu une quasi-stabilisation à 5% en août après 4,9% en juillet. Sa composante sous-jacente poursuit sa trajectoire descendante revenant de 5,1% en juillet à 4,7% en août.
Pour toutes ces considérations, auxquelles vient s’ajouter la nouvelle donne nationale engendrée par le séisme d’Al Haouz, les prévisions des fins connaisseurs du marché pointent vers un maintien du taux directeur à son niveau actuel.
Dans un "Flash Strategy", en perspective du Conseil de BAM, BMCE Capital Global Research (BKGR) estime que l’Institut d’émission devrait, à priori, maintenir une politique monétaire accommodante en gardant ses taux d'intérêt inchangés, compte tenu des fonds à mobiliser par les pouvoirs publics afin de venir en aide aux populations sinistrées et financer la reconstruction de la région.
Ceci dit, la Banque pourrait revoir une nouvelle fois à la baisse ses prévisions de croissance, ajoutent les analystes, rappelant que lors de son dernier Conseil, BAM était contrainte de réviser à la baisse ses prévisions de croissance économique à +2,4% pour 2023 (contre +2,6% précédemment) et ce, compte tenu d’une récolte céréalière moins favorable qu’attendue, du manque de vigueur de la demande étrangère adressée au Maroc et d’une baisse attendue du pouvoir d’achat des ménages marocains dans un contexte inflationniste.
Et de noter qu’il n’est guère exclu, au regard de la catastrophe naturelle ayant frappé le Maroc, qu’une nouvelle rallonge budgétaire soit octroyée d’ici la fin de l’année pour faire face aux premières conséquences, d’où la possibilité de revoir à la hausse le déficit budgétaire, afin d’inclure le coût de la reconstruction qui devrait s’étaler sur plusieurs années.
BKGR table ainsi sur un statu-quo lors de la prochaine réunion du mois de septembre de la banque centrale avec un taux de réserve obligatoire inchangé à 0%.
Dans la même veine, Attijari Global Research (AGR) a pu relever, dans son récent "Research Report-Strategy", un consensus "quasi-unanime" des investisseurs financiers au Maroc quant à une stabilité du taux directeur de BAM.
Ainsi, sur la base des résultats de l’enquête du mois de septembre réalisée par la filiale d’Attijariwafa Bank auprès d’un échantillon de 35 acteurs financiers considérés parmi les plus influents du marché marocain, la probabilité d’un statu quo du taux directeur ressort à 96% contre une probabilité de 3% pour un relèvement du taux directeur de +25 pbs et une probabilité d’une baisse du taux directeur quasi nulle.
Par catégorie, AGR souligne que les "Investisseurs Étrangers et les Acteurs de Référence" sont unanimes quant au scénario d’une stabilité du taux directeur en septembre 2023, tandis que les "Institutionnels Locaux" accordent une probabilité de 93% pour le scénario du maintien du taux directeur contre une probabilité de 3% pour une hausse de +25 pbs.
Pour ce qui est des "Personnes Physiques", AGR fait savoir qu’elles accordent une probabilité de 97% pour le scénario d’un statu quo du taux directeur contre une probabilité de 3% pour une baisse de 25 pbs en septembre 2023.
Face aux prévisions des analystes et explications y afférentes, la "pause" dans le cycle de resserrement de la politique monétaire sera-t-elle réellement maintenue ? Porteur d’espoir et de réponses comme il l’a toujours été, le prochain Conseil de BAM aura certes son mot à dire.