Invitée de la séquence "In Conversation With" organisée dans le cadre du 20e Festival International du Film de Marrakech (FIFM), la réalisatrice confie n'avoir pas eu vocation à devenir réalisatrice, "mais les questions existentielles que je posais et auxquelles je cherchais constamment des réponses ont été le déclic qui a façonné ma carrière".
Selon elle, "réaliser des films n'est pas un simple exercice divertissant; c'est plutôt une opportunité d'interroger ses interlocuteurs et de susciter chez eux des questionnements existentiels".
La cinéaste affirme que ses documentaires l'aident à se ressourcer dans le passé, d'explorer le présent, notamment à travers la vie dans son patelin, ce qui lui permet de donner aussi une nouvelle vie à ses personnages disparus.
Evoquant ses travaux sur certains personnages comme sa grand-mère, elle explique que le fait d'immortaliser ces moments dans ses films est un devoir de mémoire et une sorte de reconnaissance envers celle qui l'a entourée d'affection depuis son enfance. C'est aussi un partage d'une expérience personnelle avec le public, ajoute-t-elle.
La réalisatrice japonaise explique aussi sa démarche qui consiste à romancer ses documentaires pour leur donner une âme, loin du simple exercice narratif.
Sur son expérience au FIFM, elle affirme avoir eu l'occasion de rencontrer les stars du 7ème art, d'échanger les vues et croiser les expériences dans le monde du cinéma d'aujourd'hui, notant que "même si nos méthodes de travail diffèrent, ce que nous avons en commun c'est l'amour et la passion pour ce métier."
Interrogée sur l'apport des acteurs professionnels par rapport à ceux qui n'ont pas d'expérience dans le domaine, Mme Kawase affirme plaider pour la spontanéité et pour cela elle se lance constamment le défi de libérer les professionnels de "l'artificialité" et de les encourager à être créatifs et naturels.
Son succès, elle le doit à sa capacité de mettre l'accent sur l'aspect humain dans ses travaux, en particulier les questions liées aux femmes. D'ailleurs, cet engagement a été derrière sa nomination en tant qu'ambassadrice de bonne volonté de l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO) en 2021.
A ce titre, elle compte à son actif un projet de soutien à des jeunes réalisatrices africaines, qui consiste à organiser des ateliers de formation en vue de les préparer à des compétitions internationales, soulignant le rôle du cinéma et de l'art en général au service des personnes.
Pour elle, le cinéma n'est pas simplement une question de divertissement ; c'est un moyen de présenter la réalité telle qu'elle se présente.
Sa rencontre avec le public de Marrakech a également été l'occasion de rappeler son expérience de création d'un Festival International du Film à Nara, sa ville natale, en 2010, où elle a consacré ses efforts à former les jeunes générations.
Naomi Kawase a été primée lors de grands festivals internationaux. Elle a remporté la Caméra d'Or pour son premier film "Suzaku" (1997) et le Grand Prix pour "La forêt de Mogari" (2007) au Festival de Cannes.
Elle a réalisé "Still the Water" (2014), "Vers la lumière" (2017), "Voyage à Yoshino" (2018) et "True Mothers" (2020) et le spot officiel des Jeux olympiques d'été de Tokyo de 2020. Elle est également productrice et consultante pour l'Exposition universelle d'Osaka-Kansai 2025.
"In Conversation with …" est l'un des rendez-vous les plus attendus du festival. Il s'agit d'un moment de débat et d’échange avec un large éventail d'invités de renom comme l'acteur et réalisateur australien Simon Baker, le talentueux réalisateur marocain Faouzi Bensaïdi, le réalisateur français Bertrand Bonello, l'acteur américain Willem Dafoe, le producteur et réalisateur indien Anurag Kashyap, l'acteur danois Mads Mikkelsen, l'acteur et réalisateur américano-danois Viggo Mortensen, l'actrice écossaise Tilda Swinton, le réalisateur et scénariste russe Andreï Zvyagintsev, et l'acteur, réalisateur et scénariste américain Matt Dillon.