À la voir effectuer des exercices au sein du Service central de formation cynotechnique (SCFC) de la Gendarmerie Royale, Rihab semble reconnaître parfaitement l’instinct naturel de son binôme canin, un malinois. Mais le plus attachant est ce plaisir qu’elle trouve à faire ce travail, sa passion de toujours.
Au-delà de la dextérité et la rigueur que requiert une telle profession, Rihab en appelle surtout à sa persévérance. Au programme de la journée, des exercices de simulation de recherches et de sauvetages en décombres, une situation s’apparentant à un séisme.
Le rôle joué par les équipes cynophiles dans de telles situations n’est plus à démontrer. Lors du dernier séisme dévastateur d’Al Haouz, ces équipes cynophiles de la Gendarmerie Royale ont fait montre d’audace et d’efficacité, tout au long des opérations de sauvetage et d’assistance.
Rihab, une jeune marrakchie de 23 ans, aborde son chien, l'œil attentif, pour le libérer de son box, un rituel matinal et un moment plein d’émotions précédant chaque exercice au sein de ce service cynophile spécialisé, sis à Temara.
"En restant dans son box, le chien voit son moral affecté. Une dose quotidienne de détente est donc primordiale pour lui faire changer de mood, mais aussi et surtout pour maintenir ce lien entre le maître et son chien", explique Rihab dans une déclaration à la MAP.
En mettant le collier et le gilet à son chien, Rihab, qui s’était présentée volontairement au concours d’admission au SCFC deux ans après avoir rejoint la Gendarmerie Royale, est à pied d'œuvre pour commencer l’exercice.
La charge de rigueur qu'elle dégage n’a d’égal que les gestes de tendresse envers son chien, une façon de lui témoigner son affection et de nourrir cette complicité indispensable pour le travail de tout maître-chien.
Après un débrief du chef de groupe, qui explique le scénario de l’exercice, Rihab et son complice canin arpentent d’ores et déjà les décombres dans un terrain au sein du service aménagé à cet effet, afin de simuler le repérage de corps sous des cachettes de fortune.
C’est à ce moment-là que la jeune fille en fait appelle à son art et à sa manière pour aider son binôme dans sa mission. Objectif : sauver des vies humaines et secourir d’éventuels rescapés.
Entraîner son chien à faire appel à ses sens et affiner ses capacités auditives et olfactives, afin de les exploiter lors des différentes opérations et interventions sur le terrain, est l’une de ses principales missions qu’elle mène en parfaite harmonie avec son compagnon.
Evoquant les difficultés qu'elle a dû affronter au début de sa carrière, Rihab, spécialisée dans le pistage et le sauvetage en décombre ou en avalanche, explique que le fait de se familiariser avec le chien, le connaître et le dresser aux différentes techniques, est une des tâches intrinsèques au métier de maître-chien, qui requiert beaucoup de constance et de patience.
L’affectation au SCFC a été une "véritable opportunité" pour la gendarme. "Cela m’a permis à la fois d’accomplir mon métier et d’assouvir ma passion pour le chien, ce compagnon fidèle et altruiste duquel j’ai du mal à me séparer", dit la jeune femme, qui espère changer les idées reçues sur ce métier.
En effet, ce métier, jadis l'apanage des hommes, suscite de plus en plus d’intérêt chez les femmes, témoigne-t-elle. Le partage d’expérience et la création d’une synergie entre les différentes équipes cynophiles, aussi bien auprès des hommes que des femmes, est la clé de voûte de ce métier.
C’est d’ailleurs, poursuit-elle, chose garantie au sein de ce centre qui forme actuellement 10 jeunes maîtres-chiens femmes, lesquelles devant s’ajouter à de nombreuses autres déjà actives sur le terrain.
Rihab voit néanmoins dans son parcours un cheminement naturel d’une émancipation générale de la femme marocaine, qui a opéré des percées dans quasiment tous les domaines, augurant un avenir radieux pour le développement du Maroc et pour l’épanouissement de ses jeunes.