Les journées du 1er et 2 septembre 1937 rappellent en effet cette bataille héroïque menée, avec courage et bravoure, par les vaillants habitants de la ville de Meknès contre les soldats du colonialisme français qui tentaient de détourner à leur profit les eaux de la rivière de Boufekrane et priver la population de la cité ismaïlienne d'une source vitale pour leur survie et la continuité de leurs activités socio-économiques.
Les affrontements sanglants avec les soldats français, qui ont ouvert le feu sans retenue sur les manifestants, faisant une vingtaine de martyrs et des centaines de blessés, offrent l’occasion de se remémorer les énormes sacrifices consentis par le peuple marocain pour s’affranchir du joug de l’occupation pour vivre dans la dignité et la liberté.
Lors de cette bataille mémorable, dite aussi bataille d'eau douce, les Meknassis ont réussi à contrecarrer les plans de l’occupant visant l’assujettissement du peuple marocain et la spoliation de ses ressources hydrauliques.
Le soulèvement populaire trouve son origine dans un arrêté viziriel émis le 12 novembre 1936 par la résidence générale qui avait décidé le partage des eaux de l’oued Boufekrane entre le colon et la population locale.
Cette décision représentait une grave atteinte à la légitimité historique du fait que ces ressources hydrauliques avaient un statut particulier, puisque le Sultan Moulay Ismail les avait réservées, sous le régime des Habous, en faveur de la population meknassie (Dahir datant de Moharram de l’année 1006 de l’Hégire).
Le colon a également promulgué par la suite, le 12 février 1937, un nouvel arrêté stipulant l’octroi pur et simple de 16 parts en eau sur 24 aux colons français qui s’étaient accaparés les zones fertiles appartenant aux tribus Guerouane et Beni M’Teir, situées entre les villes de Meknès et El Hajeb.
Une telle injustice a poussé la population meknassie à se mobiliser pour exprimer son rejet catégorique des décisions colonialistes, en entreprenant un certain nombre de démarches dont la constitution d’une commission nationale pour la défense des eaux de Boufekrane qui a adressé, le 16 juin 1937, une pétition portant près de 1.500 signatures à feu SM Mohammed V, ainsi qu’au résident général.
La répression des nationalistes a attisé la colère de la population et provoqué le déclenchement d’une grève générale observée au niveau de toute la ville de Meknès ainsi que des manifestations pacifiques de protestation contre la privation de la population des ressources en eau de Boufekrane.
La commémoration de la bataille de Boufekrane constitue une occasion pour l’ensemble des Marocains de tirer les enseignements qui s’imposent de l’histoire de la lutte menée par les résistants pour asseoir l’indépendance de leur pays et renforcer l’adhésion des générations actuelles et montantes au processus d’édification d’un Maroc unifié, moderne, démocratique et prospère.
En célébration de cet anniversaire, la ville de Meknès abritera mardi un meeting populaire et une conférence scientifique sur le thème "Le rôle de la grande mosquée de Meknès dans les événements du soulèvement des eaux de Boufekrane et la consolidation de la conscience nationale".