Si cette nomination née dans la douleur, puisque le pays est resté plus de 50 jours sans gouvernement de plein exercice au gré de tractations infécondes, a provoqué la fronde de la coalition de gauche qui ameute ses rangs pour une manifestation de contestation dès ce samedi, elle a été bien accueillie dans le camp de la droite, voire l’extrême droite.
En effet, la famille politique de Michel Barnier "Les Républicains" lui a exprimé son soutien et devra même lui recommander quelques ministres. Les autres partis du centre, notamment "Horizons", même s’ils ont assuré qu’ils n’accorderont pas au nouveau locataire de Matignon un chèque en blanc, vont également l’appuyer dans sa quête pour un gouvernement rassembleur.
Quant au Rassemblement national, parti de l’extrême droite, il ne voit pas d’un mauvais œil la nomination de ce dernier baron du Gaullisme à la tête de l’exécutif français.
Habitué aux figures rhétoriques mêlant force éloquente et violence pamphlétaire, le parti de Jordan Bardella et de Marine Le Pen, a été cette fois très courtois et s’est engagé à ne pas censurer d’office le nouveau gouvernement s’il vient à être constitué.
M. Barnier "semble répondre au moins au premier critère que nous avions réclamé, c’est-à-dire quelqu’un qui soit respectueux des différentes forces politiques", a réagi Mme Le Pen, à l’annonce de sa nomination.
D’ailleurs, le communiqué de l’Elysée annonçant la nouvelle a bien précisé que "cette nomination intervient après un cycle inédit de consultations au cours duquel, conformément à son devoir constitutionnel, le Président s’est assuré que le Premier ministre et le gouvernement à venir réuniraient les conditions pour être les plus stables possibles et se donner les chances de rassembler le plus largement".
Fort de ces garanties des partis politiques et de la confiance du Président de la République, Michel Barnier, connu pour ses talents de grand négociateur, a promis, à l’issue de la passation des pouvoirs avec son prédécesseur, "des changements et des ruptures". Il s'est également engagé à "répondre aux défis, aux colères et aux souffrances" des Français.
A cet effet, il s’est d’emblée fixé comme priorités de son action, la réforme de l’école, l’amélioration du service public, la maitrise de l’immigration, la sécurité et le pouvoir d’achat. Lesquels chantiers qui nécessitent, selon lui, "beaucoup d'écoute" et "du respect à l'égard de toutes les forces politiques qui sont représentées" au Parlement.
Pour réussir dans sa mission, son entourage dit qu'il a besoin de ministres "solides, compétents et efficaces" qu’il aura à choisir dans les rangs de son parti d’abord, ensuite auprès de l’ancienne majorité présidentielle, les centristes, voire même parmi certaines de ses connaissances à gauche se distinguant par l’expérience du service de l’État et de la République, car selon le lexique utilisé dans le communiqué de l’Elysée annonçant sa nomination, il s’agit de "constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays et des Français".
Selon les médias de l’Hexagone, le nouveau premier ministre a déjà entamé ses consultations et tout porte à croire qu’il réussira à former un gouvernement de consensus autour des priorités de la France, notamment le budget 2025 et les multiples urgences socio-économiques du pays.
En tout cas, ses amis à Bruxelles, qui reconnaissent en lui sa finesse et son sang-froid de grand négociateur pour avoir réussi de sortir l’Union européenne de son divorce avec le Royaume Uni avec un minimum de casse, en sont convaincus.
"Il a une faculté d'écoute qui dépasse celle des autres et il sait parler aux autres pour les convaincre", dit à son propos l’ancien président de la commission européenne le luxembourgeois Jean Claude Juncker.
Quant à l’actuelle cheffe de l’exécutif européen Urusla von der Leyen, elle reconnait en lui son intérêt pour l’Europe et pour la France qui lui tiennent "à cœur".
"Dans tous les postes qu'il a occupés, Michel Barnier a fait preuve de leadership, de vision et de méthode. Je suis convaincue qu'il fera le meilleur usage de son expérience et de ses compétences en tant que nouveau Premier ministre français", a pour sa part affirmé la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola sur son compte X.