Dans une allocution à l’occasion de l'ouverture de la session d'automne du 45è Moussem culturel international d'Assilah, organisée sous le haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, M. Benaissa a souligné que cette édition réaffirme avec vigueur son attachement aux principes intellectuels qui en façonnent l’essence, en tant qu’espace de réflexion et de débat ouvert, qui s’attelle aux grandes questions d’actualité, tant au niveau arabe que continental et international, et explore avec rigueur les perspectives qu’elles ouvrent.
Cette édition réaffirme également l’engagement du Moussem à élever tant le niveau que l’intensité du débat public, avec l’organisation de cinq grands colloques, chacun abordant des questions d'une actualité brûlante qui posent des enjeux complexes aux élites, aux peuples et aux décideurs, aussi bien sur le plan arabe qu’international, a-t-il poursuivi.
Dans ce sens, M. Benaissa a précisé que le premier colloque est consacré à la délicate problématique des frontières en Afrique et aux défis majeurs qu’elles soulèvent, notant que "ce sujet, d’une sensibilité particulière, revêt une importance capitale du fait de ses implications politiques profondes, touchant à la souveraineté des Etats, à leur identité nationale, ainsi qu’à leur droit inaliénable de préserver et de restaurer l’intégrité de leurs territoires".
La crise des frontières en Afrique soulève des enjeux touchant à la souveraineté et à l’unité nationale, et ébranle les fondements mêmes de l’existence des nations, a-t-il souligné, indiquant que les causes de cette crise, nombreuses et étroitement imbriquées, n’ont pas été traitées avec la rigueur et l’équité requises, souvent au mépris des réalités historiques et géographiques.
"Cette carence a ouvert la voie à certains États et régimes pour exploiter les séquelles laissées par l'ère coloniale à des fins expansionnistes. Plus alarmant encore, ces régimes s’emploient à perpétuer des situations issues du partage arbitraire de l’Afrique par les puissances coloniales", a-t-il dit.
Dans ce contexte, le secrétaire général de la Fondation du Forum d'Assilah a rappelé la décision "profondément injuste" adoptée en 1963 lors du sommet fondateur de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), qui a entériné les frontières coloniales et qui a nourri des tensions latentes et stimulé des ambitions expansionnistes de la part de certains régimes, affirmant que la résolution de cette situation ne pourra advenir que par une approche éclairée, fondée sur les principes de fraternité et de coopération, en mettant en avant l’intérêt commun plutôt que le recours à la force et à l'expansionnisme.
Dans la lignée de l’engagement du Moussem d'Assilah à explorer les enjeux les plus pressants de la scène internationale, avec un accent particulier sur les réalités du Sud, cette édition consacrera les thématiques de la justice et des mécanismes des systèmes démocratiques, ainsi que des élites arabes de la diaspora, a-t-il expliqué.
"Par ailleurs, soucieux d'approfondir notre compréhension des dynamiques complexes entre religion et politique, le Moussem d'Assilah organisera cette année un colloque dédié à l'étude des mouvements religieux et de leur impact sur la sphère politique", a précisé M. Benaissa.
Il a, en outre, relevé que cette édition se distingue par l'organisation de deux colloques, en partenariat avec le Centre des Politiques pour le Nouveau Sud, dont un, consacré à l'intelligence artificielle et aux modalités de gouvernance à adopter en Afrique à l’ère du numérique, tandis que le second abordera la question cruciale de l’inclusion culturelle et de la réduction des inégalités dans le domaine de l’emploi.
En vue de célébrer la création littéraire sous toutes ses formes, l’espace "Khaimat Al Ibdaa (La Tente de la Créativité)", accueillera également un colloque en hommage à Mohammed Achaari, éminent écrivain, poète, journaliste et ancien ministre de la Culture, et qui sera dédié à l'analyse approfondie de ses œuvres littéraires ainsi que de ses écrits journalistiques, a-t-il noté.
Le Moussem proposera également des ateliers d'expression littéraire et d'écriture destinés aux enfants, en complément d'ateliers d’arts plastiques animés par des artistes marocains, arabes et internationaux.