Fruit d’un partenariat entre les deux institutions, cette nouvelle édition aborde deux thématiques, à savoir "Monde polycentré : l’enchevêtrement dans les nouvelles relations internationales" et "L'atlantique euro-africain : quel rôle pour ce corridor dans la coopération entre les deux continents ?".
Cette rencontre a été l'occasion pour des spécialistes de présenter leurs analyses sur les défis géopolitiques contemporains, en se penchant sur l'affaiblissement des mécanismes de régulation et la montée des crises, outre l'Atlantique, en tant que couloir plus vaste reliant l'Europe et l'Afrique.
Intervenant à cette occasion, le directeur du Centre HEC de Géopolitique, Pascal Chaigneau, a indiqué que le monde est de moins en moins multilatéral, en termes de régulation, alors qu’il est de plus en plus multipolaire en termes de puissances.
Il a, à cet égard, fait observer que le droit international public est bafoué, dans ses principes et dans son respect, notant l’impératif de mener des actions conservatoires pour éviter de franchir de nouvelles escalades.
Contrairement à l'utopie psychologiquement salvatrice selon laquelle la mondialisation était irréversible, cette dernière est marquée par le retour de l’Etat, des frontières, du protectionnisme, des barrières douanières et des sanctions tarifaires et non tarifaires, a ajouté M. Chaigneau.
Pour sa part, Thierry Garcin, chercheur associé au Centre HEC de Géopolitique, a souligné l’existence d’un essor diplomatique dans les pays intermédiaires (ou émergents), favorisé par un déficit de puissance d’un certain nombre de pays qui étaient auparavant des puissances régionales.
Depuis plusieurs années, les tentatives se sont multipliées sur le plan diplomatique pour freiner la montée des escalades et instaurer la paix, a-t-il rappelé.
M. Garcin a, d’autre part, relevé que la multipolarité économique qui se développe de plus en plus ne fabrique pas forcément du multilatéralisme politique, mettant en avant le rôle des organisations régionales dans l’aboutissement à une intégration économique.
De son côté, Abdelhak Bassou, Senior Fellow au PCNS, a fait savoir que le nouveau Nord n’a plus aujourd’hui le monopole de la puissance, insistant sur l’importance d’une nouvelle relation décomplexée et de renouveau avec le Sud.
Il a, dans ce sens, expliqué que la relation entre l’Europe atlantique et l’Afrique atlantique peut participer à un changement de perception et à une réconciliation entre Nord et Sud, loin de toute relation conflictuelle.
Driss Alaoui Belghiti, spécialiste en relations internationales au PCNS, a, quant à lui, mis en exergue le besoin d'une coopération accrue entre l’Europe et l’Afrique, précisant que le corridor atlantique est relativement et globalement très résilient, ne connaît pas de conflits ou d’insécurité particuliers, et ne pose pas de problèmes au niveau des échanges commerciaux.
Le multilatéralisme peut être aujourd’hui une structure qui, de par sa taille en Afrique ou en Europe, pourrait offrir une plateforme dans laquelle la coopération serait plus efficiente et plus efficace, a-t-il poursuivi.
Depuis 2016, le PCNS et le Centre de Géopolitique de l'Ecole HEC Paris coorganisent les "Dialogues Stratégiques", une série de débats rassemblant des panélistes dans un cadre interactif et constructif, leur permettant de confronter et d’enrichir mutuellement leurs analyses.
Cette collaboration vise à promouvoir un dialogue scientifique multidisciplinaire et à fournir des analyses approfondies accompagnées de recommandations politiques sur des enjeux majeurs touchant à la fois l'Europe et l'Afrique.