Cette réalisation scientifique et archéologique sans précédent, annoncée par une équipe internationale de chercheurs, atteste que les groupes humains de l’époque avaient des connaissances précises sur les propriétés curatives des plantes et leur utilisation pour traiter les maladies et soulager leurs douleurs.
Les chercheurs ont trouvé dans cette grotte, située à environ 23 km au sud de la ville de Berkane et à environ 55 km au nord-ouest de la ville d'Oujda, des preuves de l'utilisation "médicinale" des plantes dans des niveaux archéologiques datant de 15.000 ans.
Les plantes découvertes correspondent à l’espèce ’’Ephedra’’, dont les fruits ont été mis au jour dans une zone de la grotte qui a été réservée aux inhumations selon des rites précis, très répandus parmi les groupes humains de l’époque de l’âge de pierre et surtout celle comprise entre 22 mille et 7 mille ans.
Cette découverte unique confirme la place du Maroc comme l’un des sites archéologiques les plus importants au monde et souligne le rôle central de la région dans la compréhension de l'évolution humaine, en particulier dans le contexte de l'interaction entre l'être humain et son environnement.
Elle représente également une avancée significative pour les recherches scientifiques sur l'évolution des connaissances médicales chez les anciens humains, en redéfinissant le calendrier de l'usage des plantes dans les traitements traditionnels.
Sur le plan local, cette découverte archéologique renforcera la position de Taforalt en tant que centre de recherche scientifique, de tourisme culturel et archéologique, ouvrant ainsi des perspectives prometteuses pour un développement durable de la région. De même qu’elle pourrait soutenir l'économie locale en attirant davantage de touristes et de chercheurs.
Dans une déclaration à la MAP, Ismail Ziani, chercheur à l'Université de Las Palmas en Espagne et diplômé de l'Institut national des sciences de l'archéologie et du patrimoine (INSAP) de Rabat, a souligné que cette grotte, qui est l'un des plus anciens sites archéologiques au Maroc, a connu une occupation humaine s'étendant de 120 mille à 12 mille ans, principalement liée aux cultures atérienne et ibéromaurusienne du Paléolithique supérieur.
Il a expliqué que les fouilles sur ce site ont révélé une série de découvertes importantes mettant en lumière la vie et l'évolution des anciennes communautés, notamment la plus ancienne utilisation de bijoux symboliques et la plus ancienne sépulture humaine de la culture ibéromaurusienne datant d'environ 15 mille ans, faisant d'elle l'une des plus anciennes tombes au monde.
Le chercheur a considéré que la découverte de l'utilisation la plus ancienne de l'Ephedra à des fins médicales, que ce soit pour l'anesthésie, l'arrêt des saignements ou le soulagement de la douleur, est une preuve des connaissances qu’avaient ces communautés en matière de médecine, notant que l'Ephedra était particulièrement associée aux sépultures, car ses graines n'ont été trouvées que dans des zones funéraires.
Il a ajouté que ces découvertes confirment l'utilisation des plantes par les anciens habitants de Taforalt à des fins médicales et de subsistance, s'appuyant largement sur des ressources naturelles, telles que les glands, les pins et d'autres plantes pour se nourrir et se soigner.
De son côté, Hassan Talbi, professeur à la faculté des sciences de l'université Mohammed Premier d'Oujda, a expliqué que la grotte des Pigeons à Taforalt, où a eu lieu cette découverte sans précédent de la première utilisation médicale des herbes, a déjà connu d'autres découvertes archéologiques importantes, notamment la plus ancienne opération chirurgicale au monde datant de 15.000 ans, dont les traces sont encore visibles sur un crâne humain.
Selon lui, les études ont montré que la plaie avait guéri, indiquant que la personne avait survécu à l'opération et supporté la douleur grâce à l'utilisation de ce type de plantes.
L'universitaire a expliqué que l'utilisation de l'Ephedra par les anciens humains de Taforalt n'était pas aléatoire, mais témoignait d'une bonne connaissance de ses avantages et ses vertus, arguant qu'ils l'avaient apportée dans la grotte et l'avaient utilisée dans un endroit spécifique, à savoir le lieu de l'inhumation.
Il a relevé que ces études, dirigées par une équipe scientifique internationale comprenant des chercheurs du Maroc, de Grande-Bretagne, d'Allemagne et d'Espagne, et qui ont duré plusieurs années, mettent en évidence les capacités scientifiques et les infrastructures avancées dont dispose le Maroc dans le domaine de la recherche archéologique, reflétant ainsi la richesse patrimoniale du pays et renforçant sa position en tant que centre historique mondial ayant contribué de manière significative à l'évolution de l'humanité.
Il a considéré que les découvertes faites dans la grotte des Pigeons en font un site de grande valeur archéologique et scientifique à l'échelle mondiale, avec une particularité parmi les sites archéologiques, d’où la nécessité de conjuguer les efforts pour son inscription au patrimoine mondial et ce, dans le cadre de la valorisation de ce site, qui n’a pas encore dévoilé tous ses secrets, afin qu'il devienne une destination pour la recherche, le tourisme archéologique, scientifique et culturel.
Les sites archéologiques présentent d'énormes opportunités pour promouvoir le tourisme culturel et conforter le développement local, et l'investissement dans ce patrimoine peut ouvrir des perspectives prometteuses au développement durable dans la région, en tant que centre d'attraction pour les amateurs du tourisme culturel, scientifique et archéologique.