Le film (96 m), qui fait partie de deux documentaires en compétition officielle lors de la 21ème édition du Festival International du Film de Marrakech, illustre, par son genre et sa thématique, l’ouverture de cette manifestation sur des expériences et des approches cinématographiques variées.
"Les loups viennent toujours la nuit" est une production hybride, mêlant documentaire et narration fictionnelle, où la réalisatrice filme en immersion dans le quotidien d'une famille mongole pour rapprocher le public de sa réalité vivante dans un contexte marqué par le changement climatique et ses répercussions sur les gens et la planète.
Avec intelligence et douceur, Gabrielle Brady retrace une vie simple et heureuse, celle de Dava, éleveur de bétail, de sa femme Zaya et de leurs quatre enfants, jusqu'à ce qu’une tempête vienne bouleverser leur existence.
Cette tempête, qui a décimé la moitié du troupeau, n'est pas seulement un symbole des effets du changement climatique, mais aussi un signe céleste du danger imminent d'exil pour une population longtemps liée à la nature plutôt qu'à l'humain.
La caméra suit ainsi la famille dans sa migration vers la périphérie de la ville, où Dava, autrefois libre entre ses moutons et ses chevaux, devient un travailleur déconnecté de son environnement naturel. Le corps est en ville, mais les rêves et les souvenirs ramènent la famille à sa vie dans l'immensité de la nature.
La réalisatrice mise sur des plans panoramiques qui capturent avec une grande attention la beauté de la nature, tout en utilisant des plans rapprochés pour saisir les sensations intimes de Dava, Zaya et des autres personnages.
Le film recèle également une profondeur anthropologique, en documentant des rituels et des prières qui révèlent une relation "sacrée" de l'Homme avec son environnement naturel. Zaya commence sa journée en arrosant la terre au lever du soleil, en murmurant des prières à la "Mère Nature". Le danger ne venant pas des loups, mais plutôt du changement de l’humeur du ciel.
La réalisatrice Gabrielle Brady explique que ce travail est le fruit de cinq années de passion et d’efforts, dont deux ans de vie en immersion auprès de cette famille mongole, avec laquelle elle a partagé son quotidien et ses déplacements.
Gabrielle Brady a étudié la réalisation de films documentaires à l’École internationale de cinéma et de télévision de Cuba. Elle réalise des films hybrides en collaboration créative avec ses personnages, comme "Les loups viennent toujours la nuit", son deuxième documentaire après "L'île des fantômes affamés" (2018), qui a remporté plus de 30 prix internationaux, dont celui du meilleur film documentaire au Festival du film de Tribeca, le prix Buenos Shagol au Festival Visions du réel, le prix des droits de l'Homme au Festival international du film documentaire d'Amsterdam et le prix du jury au Festival international du film de Mumbai.
Le film participe à la compétition officielle du festival, qui met en avant des cinéastes du monde entier, avec la programmation de 14 longs-métrages, premier ou deuxième film de son réalisateur, présentés en première mondiale ou en première au Moyen-Orient et en Afrique.