El Fathi, qui a donné une conférence à l’Institut des études internationales de l’Université du Chili dans le cadre de la « Semaine du Maroc au Chili », a commencé par souligner que le Maroc compte plus de 4 millions de personnes parlant l'espagnol, faisant du Royaume une partie prenante de la grande communauté hispanophone.
Il a précisé que « le nombre de personnes parlant l'espagnol au Maroc est plus important que celui de l'Uruguay ou de la Guinée équatoriale ».
« En plus de parler la langue, les Marocains créent en espagnol, et c’est justement un écrivain et poète chilien qui a été le premier à mettre en lumière sur cet aspect », a ajouté El Fathi, coordinateur du Master « Maroc, Espagne et Amérique Latine : communication, gestion culturelle et diplomatique ».
L'écrivain chilien en question, Sergio Macias, a publié la première anthologie des écrivains marocains en espagnol, qui sont plus d'une centaine et explorent divers genres d’écriture, allant de la littérature à l’histoire en passant par le théâtre.
« Sergio Macias, qui a sorti de l’anonymat les écrivains marocains en espagnol, a été le premier à évoquer la 'littérature marocaine émergente en espagnol’, qualifiée par certains de littérature périphérique ou résiduelle ».
El Fathi a souligné que l’intérêt des Marocains pour l’écriture en espagnol ne découle pas uniquement du passé colonial de l’Espagne dans le nord et le sud du Maroc, « mais aussi parce que les Marocains sont les héritiers de la culture andalouse », depuis l’expulsion des maures au début du 17ème siècle.
Il a ajouté que la richesse linguistique partagée par le Maroc et le Chili se reflète également dans les œuvres de plusieurs écrivains célèbres, comme le poète chilien Pablo Neruda.
L’une des œuvres peu connue de Neruda en Espagne et au Chili, « l’Espagne dans le cœur » (Espana en el Corazon), est « intimement liée au Maroc », a-t-il affirmé, expliquant que cette œuvre retrace l’expérience du poète chilien lors de la guerre civile espagnole (1936-1939).
L’universitaire marocain a indiqué que « Pablo Neruda a été un témoin privilégié de la guerre civile espagnole, aux côtés d’autres écrivains et intellectuels du monde entier. Il a également observé la participation de soldats marocains à une guerre qui n’était pas la leur, car ils y avaient été contraints par Franco ».
D’après ce témoignage, le poète chilien « Pablo Neruda a vécu de très près des moments historiques où ces soldats marocains ont été abandonnés à leur sort au milieu des affrontements entre les deux camps en guerre » en Espagne.
« Neruda a immortalisé, à travers sa poésie, ces moments difficiles vécus par les soldats marocains, impliqués malgré eux dans la guerre civile espagnole », a poursuivi El Fathi.
Le patrimoine linguistique commun au Maroc et au Chili se retrouve aussi dans l’œuvre la plus célèbre de la littérature espagnole, « Don Quichotte » de Cervantes, a-t-il ajouté, soulignant que les sultans du Maroc, ainsi que des personnages et des lieux évoquant la ville marocaine de Tétouan, apparaissent dans ce chef-d’œuvre de la littérature mondiale.
Enfin, l’universitaire marocain a salué le travail de la Fondation Mohammed VI pour le dialogue des civilisations, basée à Coquimbo (à 500 km au nord de Santiago), qui promeut le travail les écrivains marocains, permettant ainsi une meilleure diffusion de leurs œuvres en Amérique latine.